Communiqué UCL

49.3 : Bousculé par les grèves, Macron tire sa dernière cartouche




Quelle que soit l’issue de la motion de censure, il y a une fenêtre de tir à saisir. La crise politique crée une instabilité. L’instabilité procure des opportunités. Mais elle procure des opportunités pour toutes les forces politiques qui ont un intérêt à renverser ce pouvoir. Si l’on ne veut pas subir la situation il faut maintenir et amplifier la mobilisation.

Le 16 mars 2023, le gouvernement a utilisé l’article 49.3 pour faire passer en force sa réforme des retraites anti-sociale. Il manquait sans doute trop de voix de députées inquiets du rejet massif du projet par leurs électeurs et électrices. Ce sont nos mobilisations d’ampleur qui ont ouvert une crise politique sans précédent.

En effet, l’intersyndicale large a tenu. Les grèves ont été importantes, bien que trop peu souvent reconduites, les manifestations ont réuni des millions de personnes. En lien avec le mouvement « retraite » les mobilisations féministes et la première percée d’une grève féministe du 8 mars furent aussi des succès remarqués.

Nous avons mis Macron en minorité et l’avons obligé à recourir à cet outil particulièrement anti-démocratique, ce qui l’expose et le fragilise.

Des manifestations, appelées par des syndicats mais aussi largement spontanées, ont éclaté partout en France à la suite de cette annonce, malgré une répression policière accrue.
Nous ne nous faisons pas d’illusions sur le parlementarisme. Nous n’attendons pas de solution de la part des députés. Mais cette crise politique a des impacts sur notre mobilisation et sur notre classe.

A cette heure, nous ne connaissons pas l’issue du vote sur la motion de censure lundi 20 mars, mais quelque soit son issue, si l’on ne veut pas subir la situation il faut maintenir et amplifier la mobilisation.

Deux scénarios sont possibles :

  • Si la motion est votée, la loi est retirée, le gouvernement tombe, la crise politique s’amplifie. Il faudra alors profiter de cette crise pour enclencher de nouveaux combats. Sur la question des salaires, particulièrement au centre des préoccupations au vu de l’inflation galopante.
  • Si la motion n’est pas votée, la loi est maintenue, la colère demeure immense dans le pays. Il faut alors compter sur cette colère pour relancer les mobilisations. Une loi votée peut être retirée, comme lors de la mobilisation contre le CPE en 2006. Il faudra utiliser la date du 23 mars, portée par l’intersyndicale, comme première journée de rebond. Et marteler que toute confédération syndicale qui abandonnerait la lutte, se verrait porter une lourde responsabilité.

Dans les deux cas, un fait central demeure : au cours de cette mobilisation, nous avons engrangé des forces. La syndicalisation est repartie à la hausse, des travailleuses et des travailleurs ont relevé la tête pour la première fois, se sont parlé à la pause, à la sortie du boulot, en AG, ont fait grève, ont rejoint les manifestations. Dans les manifestations, ils et elles ont été en contact d’organisations syndicales et politiques, ont discuté, débattu, ont pu localement expérimenter des cadres d’auto-organisation, ont vu leur vision du monde renouvelée.

Le même rapport de force doit s’imposer contre la loi Immigration de Darmanin, afin de rebondir immédiatement sur une question centrale pour l’unité de notre classe sociale. Le samedi 25 mars sera une journée de mobilisation importante contre cette loi. Cet enjeu est d’autant plus important dans un contexte potentiellement favorable à l’extrême droite, qui aura voté la motion de censure.

Dans les deux cas également, il y a une fenêtre de tir à saisir. La crise politique crée une instabilité. L’instabilité procure des opportunités. Mais elle procure des opportunités pour toutes les forces politiques qui ont un intérêt à renverser ce pouvoir. L’extrême droite est en embuscade ; sa victoire aurait des conséquences terribles pour notre classe sociale, pour les personnes racisées, pour les femmes, pour les personnes LGBTI…

Notre camp, le camp des travailleuses et des travailleurs, le camp de la lutte des classes, doit en profiter pour se renforcer et s’organiser. En particulier, en reconstruisant des outils syndicaux combatifs et démocratiques qui doivent s’inscrire dans le cadre plus large de l’auto-organisation des luttes.

Alors, soyons à l’offensive, profitons du pouvoir affaibli pour proposer une véritable transformation de la société !

Déclaration de la coordination fédérale de l’UCL réunie à Lyon le 19 mars 2023

 
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