Antipatriarcat

Antipatriarcat : Dimanche 8 mars, grève de la consommation




Cette année, le 8 mars tombe un dimanche. Mais difficile de demander aux femmes qui bossent le dimanche, c’est à dire aux plus pressurées, de se mettre en grève. Il reste une autre manière de manifester nos colères et notre solidarité  : pas de consommation ce dimanche.

Cette année le 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes, tombe un dimanche. Une grève féministe le dimanche, est-ce que ça a du sens  ? Une salariée ne peut pas travailler plus de six jours par semaine, et en règle générale le jour de repos hebdomadaire doit être le dimanche. La loi ne concerne que les salariées, pas les indépendantes. Nombreuses sont les dérogations. Les dérogations permanentes sont liées au type d’activités et aux besoins du public  : tous les secteurs qui traitent des matières périssables, du blanchiment de la paille des chapeaux aux usines utilisant des fours (des tas de secteurs aux noms bizarres)  ; les activités jugées nécessaires  : certains commerces, d’ameublement, de bricolage, de fleurs  ; les hôpitaux et les établissements liés aux loisirs  ; les services aux personnes. Les dérogations conventionnelles sont causées par des accords de branches ou d’entreprises concernant le travail en continu, le travail du dimanche est obligatoire si prévu dans le contrat de travail. Les dérogations accordées par les préfètes sont temporaires. Elles répondent à des demandes des entreprises et autorisent un autre mode de prise de congé hebdomadaire. Les dérogations accordées par les mairesses concernent le commerce de détails et sont «  limitées  » à douze par an (cinq avant Macron).

Personne n’est volontaire pour travailler le dimanche

Les dérogations liées à l’emplacement géographique s’appliquent aux zones touristiques et aux gares. Dans ces cas, la salariée doit manifester par écrit son volontariat pour travailler le dimanche. Et bien sûr, les patronnes ont un grand respect du volontariat et n’exercent jamais de pression.
Combien de femmes travaillent le dimanche  ? Depuis le milieu des années 1990 le nombre de personnes travaillant habituellement le dimanche a doublé. Pas parce qu’il y a plus d’infirmières, ou plus de services assurés aux personnes âgées ou handicapées, pas parce qu’on a multiplié le nombre de pompières, juste parce que la période de temps où on peut ouvrir des commerces a augmenté, parce que le capitalisme est arrivé à transformer chaque instant de la vie en un moment où on peut acheter dans des vrais magasins avec des vrais gens dont une énorme majorité de femmes. Commerce, hôtellerie, restauration… 17 % des employées (qui sont à plus de 70 % des femmes) travaillent régulièrement le dimanche.

Quel impact sur les travailleuses du dimanche  ? Personne n’est réellement volontaire pour travailler le dimanche, celles qui l’acceptent le font pour améliorer des salaires trop bas pour vivre décemment. Travailler le dimanche signifie être en décalage avec le reste de la société, son ou sa conjointe, ses enfants scolarisées en semaine et ses amies. Les femmes qui travaillent dans le commerce ont des horaires atypiques, des temps partiels, des coupures de milieu de journée. Travailler le dimanche c’est perdre du temps de loisirs avec ses proches, sans possibilité de le rattraper dans la semaine.
Demander aux femmes qui bossent le dimanche de se mettre en grève, c’est demander aux plus pauvres et pressurées de le faire. Il y a une façon plus simple de manifester nos colères et notre solidarité : pas de consommation ce dimanche, ni aucun autre. Si les commerces ouvrent le dimanche, c’est parce qu’il y a des clientes. Militer pour la grève des tâches ménagères est aussi un non-sens. Il faudra les rattraper le lendemain.

Christine (UCL Sarthe)

  • Ce texte parle des femmes mais est écrit au féminin neutre quand tout le monde est concerné.
 
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