Nucléaire : L’urgence de fermer la centrale de golfech

Dans toutes les centrales nucléaires, même celles qui n’atteignent pas les 40 ans de durée de vie prévus à l’origine, les incidents et anomalies de fonctionnement sont légion. L’exemple de la centrale de Golfech rappelle le péril qui nous menace.
Trente ans après que la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) a été mise en service, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), lors d’une conférence de presse organisée à Bordeaux le 25 septembre 2019, a pointé la dégradation de son exploitation, en particulier à la suite du turn-over « en cinq ans de la moitié des effectifs » de la centrale. « Il s’agit d’un phénomène nouveau avec une multiplication des incidents » témoignant de « problèmes de compétence et de comportement ».
De nombreux incidents ont dû être signalés, dont en 2018 quatre anomalies de niveau 1 sur l’échelle internationale de gravité des évènements nucléaires [1].
Depuis, les dysfonctionnements se poursuivent : Depuis le samedi 5 octobre, l’unité de production n°2 est à l’arrêt pour procéder au renouvellement d’une partie de son combustible et réaliser des opérations de maintenance [2]. Mais un banal oubli lors de la procédure a rapproché dangereusement l’installation d’une situation d’accident [3] et « conduit la direction de la centrale nucléaire de Golfech à déclarer un événement significatif sûreté, le 11 octobre 2019 ».
Le réseau Sortir du nucléaire a réagi lui aussi par un communiqué de presse : « Il est indécent que l’entreprise, dans son communiqué, rejette la faute sur “un salarié” pour détourner l’attention d’un problème plus global qui génère déjà des risques. [...] La course à la rentabilité menée par EDF, au détriment de la sûreté et de la sécurité des populations et des travailleurs, ne peut que déboucher sur des problèmes graves. ».
Mais les difficultés de fonctionnement de la centrale ne sont pas toutes imputables aux salarié·es. Ainsi une fuite vapeur sur une tuyauterie située en salle des machines a conduit à arrêter encore une fois, le 2 décembre 2019, l’unité de production n°2 de la centrale [4].
Incidents : des causes structurelles
Golfech semble être dans le collimateur de l’ASN : celle-ci vient de convoquer son directeur, après avoir « constaté des déficiences dans la mise en œuvre des opérations d’exploitation des réacteurs et un manque de rigueur systémique dans l’enregistrement et la traçabilité des activités relatives à la maintenance des installations » [5].
Après la mise en service de la centrale, l’association antinucléaire VSDNG (Vivre Sans le Danger Nucléaire de Golfech), s’est engagée dans un double combat : obtenir sa fermeture, mais aussi organiser d’ici là une surveillance de la centrale et en particulier de ses rejets, et mobiliser la population à chaque dysfonctionnement relevé.
Évidemment, il ne suffit pas de s’en remettre aux contrôles officiels de l’ASN. Renforcer les comités locaux antinucléaires dans la durée reste une nécessité, concernant les deux facettes de leur combat.
Jacques Dubart (UCL Nantes)