« Bye-bye Moria » : les libertaires de Grèce avec les réfugié·es

[Photos] D’énormes manifestations de soutien aux réfugié·es ont eu lieu vendredi 11 septembre à Athènes et en Crète, emmenées notamment par les anarcho-syndicalistes. « Brûler Mora n’est pas un crime. L’existence de Moria, voilà le crime ».
L’émotion est vive en Grèce suite à l’incendie du camp de réfugié·es de Moria, sur l’île de Lesbos. C’est actuellement la question sociale n°1 dans le pays.
Le gouvernement conservateur accuse les réfugié·es d’avoir provoqué eux-mêmes l’incendie. L’extrême droite fait tourner une vidéo où l’on voit un enfant issu du camp s’exclamer « bye-bye Moria », et s’en sert pour insinuer que les réfugié·es sont heureux du drame en cours, et tourner en dérision leur détresse.
L’Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, la plus importante organisation libertaire en Grèce, a retourné le stigmate en faisant de « Bye-bye Moria » un slogan de solidarité. L’organisation affirme qu’on ne peut pas savoir qui a mis le feu à Moria mais que, dans tous les cas, on a le droit de brûler Moria, tant Moria est une honte.
Le coronavirus, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Du fait de la politique de blocage des réfugié·es sur Lesbos par le gouvernement, ce camp prévu pour 3.000 personnes a, en quelques mois, bondi à 6.000, puis à 20.000 personnes entassées dans des conditions cauchemardesques. Le pire a été atteint quand, suite à la découverte de 40 cas de Covid-19, les autorités grecques ont verrouillé le camp, créant volontairement un cluster géant, sans échappatoire pour les réfugié·es condamné·es à une contamination rapide.
C’est dans ces circonstances que l’incendie est survenu. A présent le gouvernement parle de rebâtir Moria, avec une dimension d’enfermement plus stricte – c’est-à-dire un camp de concentration, au sens premier du terme, comme ceux où ont été parqué·es les réfugié·es espagnol·es en France en 1939.
Vendredi 11 septembre, une manifestation de solidarité a rassemblé 8.000 personnes à Athènes, dont 1.500 dans le cortège anarcho-syndicaliste. Mais la démonstration la plus impressionnante a eu lieu à La Canée, en Crète, avec 6.000 manifestantes et manifestants pour une ville de 60.000 habitantes et habitants.
Cette manif était également l’occasion de protester contre l’expulsion de Rosa Negra, un centre social autogéré à La Canée, qui hébergeait des réfugié·es.
L’Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante réclame la fermeture de Moria, ainsi que de tous les camps et structures d’enfermement ; la liberté de circulation et d’installation des réfugié·es dans les villes (et non pas dans des no man’s land comme actuellement), des papiers pour toutes et tous, et la fin des expulsions.
Guillaume Davranche (UCL Montreuil)