Dico anti-sécuritaire : Qu’est ce que le marché de la vidéosurveillance ?




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible : Qu’est-ce que “ le marché de la vidéosurveillance ” ?

La vidéosurveillance s’est développée depuis quelques années en France à grands coups de déclarations sur l’augmentation de la délinquance, de la nécessité de mieux protéger les braves citoyennes et citoyens – à opposer bien entendu aux méchants et autre vilaines qui ne paient pas leurs impôts, ou pire, sont coupables de pauvreté. À ce moment de l’histoire, il est intéressant de noter que la toute première caméra de vidéosurveillance a été utilisée par les nazis pour regarder le lancement de leurs fusées V2. Une bien belle filiation historique somme toute.

En France, les premières caméras de vidéosurveillance – et surtout pas vidéoprotection – ont été implantées dans la ville de Levallois-Perret, alors – et toujours – dirigée par Patrick Balkany. Un gage de probité ce bon Patrick. La ville, en partie à cause de ce système de « sécurité » est d’ailleurs aujourd’hui la plus endettée du pays.

En 1993, les premières caméras vont fleurir dans cette banlieue tranquille des Hauts-de-Seine dont le Conseil général était alors dirigé par Charles Pasqua, lui-même à l’époque ministre de l’Intérieur du gouvernement Balladur… juge et parti donc. Une place rêvée pour lancer un ballon-sonde dans un premier temps afin de faire passer une loi juste après. Ce qui va se passer avec la loi n° 95-75 du 21 janvier 1995 puis le décret n° 96-926 du 17 octobre 1996 censés réglementer – mais en réalité de manière très dilettante – l’installation des caméras ainsi que le droit d’accès aux images laissé aux particuliers. À cette époque, ce marché est inexistant et pèse donc zéro euro. Une quinzaine d’années plus tard, ce marché pèse plus d’un milliard. Aujourd’hui, le prix moyen pour l’installation de caméras c’est entre 30 et 60 000 euros, le marché est plus que juteux. Et ce qu’il y a de génial dans ce système, c’est que la taille de la commune ou la criminalité réelle n’ont aucune importance. Une caméra, c’est du dernier chic. Ainsi dans le Var, la commune de Baudinard-sur-Verdon (moins d’une centaine d’habitantes et d’habitants à l’année) a fait installer 12 caméras pour la modique somme de 60 000 euros. Pourquoi ? Pour lutter contre la délinquance, le maire projette même de verbaliser grâce à ce système les déjections canines. Ça fait quand même chère la merde de chien.

Dans le même temps, la plupart des audits qui ont eu lieu ont conclu à l’inefficacité quasi-totale des caméras. Alors, qu’est-ce qu’un truc cher et qui ne marche pas ? Une vaste arnaque !

• Voir aussi le site www.souriez.info et lire Les Marchands de la Peur de Mathieu Rigouste.

 
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