A Contre-courant : Les leçons d’une panique




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduite l’édito de la revue alsacienne A Contre courant-> http://www.acontrecourant.org/, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex

La panique qui a saisi les marchés boursiers européens à l’annonce par l’ex Premier ministre grec George Papandréou, quelques jours à peine après la laborieuse élaboration d’un énième « plan de sauvetage de la Grèce », d’un référendum visant à consulter le peuple grec, est riche d’enseignements. Qu’il se soit agi en l’occurrence d’une manœuvre politicienne destinée à impliquer l’opposition hellène de droite dans la gestion gouvernementale, n’altère en rien la clarté des leçons que l’on peut tirer de cet épisode inattendu.

Cette panique dit d’abord ce que « les marchés », c’est-à-dire les grandes banques, compagnies d’assurance, fonds de placement, etc., attendent des gouvernants. À savoir qu’ils se fassent les relais serviles de leurs exigences les plus exorbitantes, comme la baisse drastique des salaires réels, les coupes claires dans les prestations sociales, le démantèlement brutal des services publics, la braderie des équipements collectifs, etc. Bref une régression socioéconomique sans précédent, en brisant par la force et en usant par la lassitude la résistance populaire. Autrement dit, qu’ils soient les fidèles chiens de garde de la dictature exercée par le capital financier sur les peuples.

Cette panique signifie ensuite que les « nouveaux maîtres du monde » redoutent par-dessus tout l’intervention démocratique des peuples : un processus délibératif visant à évaluer la légitimité de la dette publique et des exigences de son remboursement. Pour que la dictature des « marchés » continue à s’exercer, il faut surtout que le peuple soit tenu en dehors de toute intervention et décision concernant le fonctionnement desdits « marchés », que son incompétence à se mêler des questions les concernant soit proclamée haut et fort et soit intériorisée par ses membres. Ce qui signifie inversement que nous devons impulser une dynamique visant à l’intervention populaire la plus vaste sur ces questions, par exemple sous la forme d’un audit de la dette publique et d’un référendum sur les conditions de son remboursement ou de sa récusation.

En imposant le choix des terrains sur lesquels il convient de placer le débat et le combat politiques, cette panique révèle à l’inverse combien est insignifiant et sans conséquence le jeu politique traditionnel. Les « marchés » se moquent en effet de voir droite et gauche se disputer les responsabilités gouvernementales par l’intermédiaire d’élections sans enjeu, puisque leur alternance au pouvoir garantit à la fois la continuité d’une politique favorable à leurs intérêts et l’exclusion du peuple des décisions fondamentales. L’absence de panique des « marchés » en cas d’élection d’alternance, confirme bien que ce n’est là qu’un spectacle destiné à simuler la souveraineté populaire pour mieux priver le peuple des conditions et formes de son exercice effectif.

 
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