États-Unis : Barack Obama, et après ?




La victoire de Barack Obama aux élections présidentielles américaines est perçue comme l’annonce d’un changement radical de la politique américaine. Pourtant, on a des raisons d’être pessimiste.

Obama devrait initier rapidement un retrait graduel des troupes américaines d’Irak. Mais qu’on se rassure : les soldats américains ne partiront d’Irak que pour être mieux redéployés… en Afghanistan !

Obama ou l’impérialisme sympathique

Sur le site de campagne du candidat Obama, on peut ainsi lire cette intéressante analyse du conflit irakien : « La décision d’envahir l’Irak a détourné une partie de nos ressources de la guerre en Afghanistan, rendant plus difficile de tuer ou de capturer Ousama Ben Laden. » En d’autres termes, le désastre irakien n’est critiqué qu’en tant qu’obstacle au bon déroulement du massacre afghan, le tout accompagné du refrain éculé de la guerre contre le terrorisme.

En Iran, Obama substitue la carotte au bâton : ainsi, si l’Iran cesse son « comportement perturbateur » (sic) et arrête de jouer avec l’arme nucléaire, Oncle Sam la récompensera par des investissements et une place à l’OMC. Enfin, Obama se pose en soutien indéfectible d’Israël, affirmant son « droit à l’auto-défense » et promettant une augmentation de l’assistance militaire et économique à l’Etat hébreu, tout en ignorant les raids et les colonies.

Obama doit en grande partie sa victoire à la situation économique. Sa réponse à la crise est donc fortement attendue par ceux et celles qui l’ont élu. Certains croient voir en Obama un nouveau Roosevelt, impulsant un New Deal [1] pour relancer l’économie.

Pas de rupture en vue

Certes, le plan annoncé par Obama le 22 novembre pourrait y laisser penser : il inclut notamment la construction d’infrastructures telles qu’écoles et routes, qui permettraient de créer de l’emploi. Mais à y regarder de plus près, l’essentiel de son « plan de relance » consiste dans la poursuite des baisses d’impôts initiées par l’administration Bush. Et si Obama a été élu en brandissant le slogan de la « redistribution des richesses », ces baisses d’impôt profiteront aux classes moyennes (jusqu’à 250 000 dollars par an, sans commentaires) plus qu’aux classes populaires… Enfin, contrairement à ce qu’il avait annoncé pendant la campagne, Obama n’augmentera pas les impôts pour les plus riches, au prétexte fallacieux que cela accentuerait la récession. Autant d’argent qui aurait pu bénéficier aux classes populaires.

Enfin, après le catastrophique « plan de sauvetage » du système bancaire initié par l’administration Bush, il y a fort à parier que l’austérité est aussi au programme et que les réformes sociales promises par le candidat devront attendre. Ainsi de la réforme de l’assurance-maladie, qui sans proposer une sécurité sociale universelle était supposée rendre l’assurance-santé accessible à toutes et tous.

Rien donc de bien neuf au pays d’Obama. Parions que les classes populaires américaines ne seront pas dupes très longtemps…

Vincent Nakash (AL Paris-Sud)

[1Référence au New Deal, plan de relance de l’économie impulsé par le président américain Roosevelt dans les années 30 après la crise de 1929, fondé sur l’interventionnisme économique et des programmes d’aides sociales aux classes populaires.

 
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