La Poste : La mobilisation patine




L’hostilité à la privatisation de la Poste est réelle dans la population. Le succès des signatures de pétition sur le terrain en atteste. Pourtant les manifestations du 22 novembre ont été décevantes. La suite de mobilisation dépendra beaucoup des syndicats.

Le 22 novembre, moins de 15 000 personnes ont défilé dans tout le pays à l’appel des comités pour la défense de la Poste, dont 3 000 à Paris. On pouvait voir dans la rue les différents syndicats de la Poste (CGT, Sud, FO, CFDT, CFTC) ainsi que les organisations parties prenantes du Comité national (PCF, NPA, AL, Alternatifs…).

Le nombre de collectifs locaux pour la défense de la poste s’est pourtant accru ces dernières semaines, à l’exemple de ce qui se passe dans l’Hérault, avec une dizaine de collectifs ou dans les Bouches-du-Rhône, avec une quinzaine de collectifs. Au total, 99 manifestations ou rassemblement étaient organisés le 22.

Le gouvernement s’est efforcé de désamorcer la mobilisation en multipliant les déclarations contradictoires. Le 2 novembre, Henri Guaino, la très médiatique éminence grise de Nicolas Sarkozy, annonçait qu’en raison de la crise financière, « il n’est plus question pour l’instant d’ouvrir le capital de la Poste ».

Déclarations contradictoires

Quelques heures plus tard, il se contredisait comme les médias qui ont affirmé tout et n’importe quoi. En fait, derrière les déclarations fumeuses, la réalité est simple : le changement de statut de la Poste, d’entreprise publique en société anonyme, est toujours dans les tuyaux mais l’ouverture du capital attendra une embellie de la bourse. Quant à la direction de la Poste, elle continue sa campagne en faveur de la privatisation au travers de Forum, le journal interne de la Poste, et dans les réunions avec les cadres de l’entreprise.

Henri Guaino et Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, ont d’ailleurs déclaré que la Poste avait besoin d’argent et qu’une décision serait prise fin décembre. Le gouvernement ment sans scrupule pour faire passer le message.

D’abord, selon Guaino, le changement de statut serait « exigé par la Commission européenne ». Or la Commission se préoccupe du respect des règles de la concurrence, pas du statut des entreprises.

Ensuite, la Poste aurait « besoin d’argent ». La vraie question est : pour quoi faire ? Les 3 milliards d’euros que rapporterait l’ouverture du capital serviraient vraisemblablement à se lancer dans une stratégie d’implantation sur les marchés étrangers, en rachetant des compagnies postales locales. L’ambition est donc de se transformer en multinationale comme Deutsche Post ou TNT – aujourd’hui en grande difficulté, par ailleurs – et, soyons clairs, cette sorte de fantasme pour cadres supérieurs ayant la folie des grandeurs va contre l’intérêt des usagères et des usagers !

La mobilisation des postières, des postiers et des usagers reste donc à l’ordre du jour. Toutefois le nombre de postières et de postiers impliqués reste encore trop faible et les jeux des appareils politiques font parfois plus ressembler ces comités à des cartels qu’à des comités de masse.

Suspicions syndicales

L’unité syndicale reste également fragile. Ainsi alors que Sud-PTT, FO et la CFTC ont claqué la porte de la commission Ailleret, mise en place par le gouvernement, la CGT et la CFDT y sont restées. La CFDT, en particulier, joue un double jeu. Elle multiplie les colloques dont où elle affirme son accord avec l’ouverture du capital et va même jusqu’à taper sur les autres syndicats par tracts interposés. Quant à la CGT-PTT, son désir de faire rentrer la CFDT dans le jeu (attitude récurrente depuis la signature de la « position commune » sur la réforme de la représentativité) la pousse à freiner des quatre fers dans tous les comités.

Le devenir de la mobilisation est incertain et nécessite un véritable investissement des usagères et des usagers pour forcer l’unité syndicale et peser sur le gouvernement.

Pascal (AL Rouen) et Germinal (AL Orléans)

 
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