Cinéma : Edel, « La bande à Baader »




Les cinémas européen et américain, après avoir épuisé tous les filons, se tournent vers le genre biographique. La France n’a pas été épargnée par cette vague de films (moyens) avec La Môme, Le Promeneur du champ de Mars, Mesrine ou Coluche. C’est au tour de l’Allemagne d’exploiter le genre, avec un n-ième film sur les années de plomb.

Le propos en est tiré du livre du journaliste social-démocrate Stefan Aust, Der Baader Meinhof Komplex, qui fut décrit par la presse bourgeoise comme « sans parti pris ». L’histoire de la Rote Armee Fraktion (RAF, Fraction armée rouge) commence avec les manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam et la venue du Shah d’Iran, au cours desquelles la répression policière provoque la mort d’un étudiant. Ceci, ajouté au traumatisme du passé nazi de la génération de leurs parents et à l’attentat contre le leader d’extrême gauche Rudi Dutschke pousse certains groupes radicalisés à franchir le pas de la lutte armée.

En deux heures trente, le film se borne à résumer les moments les plus marquants de la RAF – meurtres, explosions et braquages de banque – de sa création à la mort de ses leaders en prison. La volonté idéologique du film est de dissiper le mythe de la « bande à Baader », décrite comme un groupe de jeunes en manque de repères et non de militantes et de militants politiques. La caricature touche tous les personnages, sauf celui de la journaliste d’extrême gauche Ulrike Meinhof. Mais elle s’est laissée séduire par Baader, jeune coq machiste et violent entouré d’Amazones, tout cela saupoudré de lutte des classes.

Ce film ne vaut donc rien pour son message politique. C’est un film pseudo historique à gros budget dont certaines scènes, comme celle de l’AG, se révèlent assez jouissives. Pour voir un film plus politisé sur la bande à Baader mieux vaut se rabattre sur Le Procès Baader-Meinhof de Reinhard Hauff (1985) ou Le silence après le coup de feu de Volker Schlöndorff (2000).

Bastien (AL Montpellier)

• Uli Edel, La Bande à Baader, 145 mn, 2008.

 
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