Réforme du lycée : Darcos provoque le chahut




Le ton est donné de la réforme des lycées. En plus des postes supprimés, Darcos veut brader notre éducation. Face au développement des luttes, la seule solution du gouvernement réside dans la fuite en avant.

Après 11 200 postes cette année, c’est 13 500 que voudrait en supprimer le ministre pour la rentrée prochaine. Pour ce faire, il ne peut pas continuer indéfiniment à nous expliquer que le nombre d’élèves baisse, qu’il ne s’agit que d’une simple adaptation… Afin de poursuivre sa politique, le ministre a besoin de réformer le lycée.

« dépenses inutiles »

La réforme est supposée être mise en place dés la rentrée 2009 pour la classe de seconde, 2010 pour la première et 2011 pour la terminale. Malgré des déclarations ministérielles volontairement floues, plusieurs éléments peuvent être dégagés.

– La semestrialisation est un rideau de fumée. Ce changement, présenté comme un simple ajustement sur l’enseignement supérieur, cache un véritable tour de passe-passe : sous prétexte de donner du temps aux élèves pour réfléchir à leur orientation, une semaine sans cours est censée s’intercaler au milieu des semestres. Résultat, deux semestres de 17 semaines… Au lieu d’une année de 36.

– Un enseignement plus modulable…Et plus light : 30 heures hebdomadaires sont bien au programme, mais seulement 27 heures de cours, divisées entre 21 heures d’enseignements obligatoires et 6 heures sous forme de quatre « modules d’exploration » au choix, dont feront partie les sciences économiques et sociales.

– Et enfin, les trois dernières heures, dites « d’accompagnement » sur lesquelles il ne faut pas se leurrer. Elles seront dispensées par des précaires, tout bénef pour les objectifs de réduction de postes : encore trois heures de moins à pourvoir.

Sans compter l’individualisation des dispositifs, qui permet de dédouaner le système en culpabilisant l’élève et sa famille, censé être seuls responsables de son orientation. En réalité, les origines de classe sont déterminantes : il suffit de voir le fossé qui se creuse entre enfants d’ouvriers et de patrons, dans la possibilité de poursuive ses études…

Et le Bac dans tout ça ?

Parlons-en, de la poursuite des études. De nombreuses questions se posent. : Même si le bac est maintenu, sera t-il obtenu d’un bloc ou avec une part de contrôle continu ? Et surtout, avec la diminution du nombre d’heures de cours, aura t-il la même valeur ? On peut franchement en douter. Ce qui pointe son nez derrière cette réforme, c’est le serpent de mer de ces dernières années : la réforme du Bac. Après avoir été forcé de reculer suite a la mobilisation lycéenne en 2005, le pouvoir repart à l’offensive.

D’un côté, la LRU [1] qui conduit a terme a l’augmentation des frais d’inscriptions à la fac, fermant encore un peu plus la porte des études supérieures à la jeunesse des classes populaires. De l’autre, la dévalorisation du Bac, donc une reconnaissance moindre sur le marché du travail. Deux réformes, une même logique : celle de la précarisation.

Dans toute la fonction publique le gouvernement supprime des postes… Toute ? Non. L’Administration Pénitentiaire tire son épingle du jeu : 500 postes de matons en plus cette année.

C’est dans ce contexte que Darcos a annoncé la création des UMP lycées, censés contrecarrer le développement des luttes dans les bahuts : aux lycéens et lycéennes de lui montrer qu’ils ne se laisseront ni encadrer ni museler.

Face aux attaques gouvernementales, la résistance se développe. Déjà plusieurs lycées bloqués, de nombreux autres tiennent des AG. L’enjeu, aujourd’hui, c’est de favoriser la jonction avec le développement des luttes dans les facs et dans l’Éducation nationale. Le gouvernement a beau, années après années, revenir la charge, il n’est pas le seul à pouvoir développer un projet de société : de luttes en luttes, par la confrontation avec le pouvoir, par l’apprentissage de la démocratie directe, de l’auto-organisation, une alternative peut se construire : celle d’une société autogestionnaire. A nous de la faire vivre.

Nico (AL Montpellier)

[1La loi sur l’autonomie des universités votée pendant l’été 2007.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut