Licenciements : La récession, pain béni pour le capital




Après les banques, c’est aux entreprises de souffrir de la débâcle du capitalisme. Mais pas de panique : les patrons resteront confortablement affalés sur leurs matelas de billets et ce sont les travailleurs qui devront passer à la caisse.

Après les États-Unis, la récession est arrivée en Europe : comme on s’y attendait, le transfert de la crise du secteur financier à l’économie « réelle » ne s’est pas fait attendre… et n’est pas prêt de s’arrêter. Coût estimé de la crise à l’échelle mondiale : 2 800 milliards de dollars et 20 millions de chômeurs…

L’économie en chute libre

Aux États-Unis, berceau de la crise financière, les annonces de licenciements se multiplient. Dans l’immobilier bien sûr, mais aussi dans le transport aérien, les sociétés de services, touchées par la chute de la consommation, ainsi que dans les services publics, avec la chute des revenus fiscaux des États. L’automobile, secteur déjà mal-en-point, et reposant sur le crédit que la crise a rendu rare, est au bord du gouffre ; General motors a déjà annoncé 5 500 suppressions de poste, mais en cas de faillite, c’est 2,5 millions d’emplois qui seraient potentiellement touchés !

Pourtant Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor, a annoncé que la priorité du gouvernement était d’aider le secteur financier à se relever, et qu’il n’était pas question de soutenir l’industrie automobile. La stratégie est claire : faire porter le fardeau de la dépression sur le dos de la classe ouvrière plutôt que sur les responsables de la crise, l’oligarchie financière.

N’oublions pas que General Motors, c’est aussi Opel ou Saab : l’Europe est donc directement concernée. Déjà, l’usine strasbourgeoise de GM (1 000 personnes) est en vente, tout comme l’usine Ford de Bordeaux. Les ventes de voitures ont chuté de 15 % en octobre et Renault a annoncé qu’elle allait réduire sa production.

Une aubaine pour les capitalistes

La crise, c’est aussi le moment rêvé de « restructurer » les entreprises. Ainsi le plan de sauvetage de l’industrie automobile américaine demandé par les Démocrates serait accompagné de « restructurations » dont on pressent le goût amer qu’il aurait pour les salarié-e-s. Mais ne soyons pas dupes : les « restructurations » à venir dans tous les secteurs et tous les pays auraient eu lieu de toute façon, la crise n’étant qu’un bon moyen de faire passer la pilule.

Comme on le voit, la crise, pour les capitalistes, c’est l’occasion de licencier ou de précariser un peu plus les travailleurs et les travailleuses. Autre exemple : en plus des 524 000 chômeurs de plus en deux mois aux États-Unis, 844 000 salarié-e-s se sont vus imposer des temps partiels non souhaités.

En France, Sarkozy n’a même pas pris soin de maquiller la supercherie. Promettant un « traitement social » de la crise, il a en fait annoncé fin octobre la libéralisation sans frein du recours aux CDD pour les PME, au motif que si en période de forte croissance un CDD en plus c’est un CDI en moins, à l’inverse en phase de ralentissement, un CDD en plus c’est un chômeur en moins. Pendant que Sarkozy débitait ces sottises, ce sont les intérimaires qui ont subi les premiers les conséquences de la crise.

Sur la liste des cadeaux au patronat, on trouve également un gel de la taxe professionnelle sur les investissements jusqu’en 2010, ou encore un « fonds public d’intervention » pour les « entreprises stratégiques ». Autre remède à la crise : le travail le dimanche. On se demande bien où peut être le rapport…

Anticipant sur l’échec de ces mesures, qui de toutes manières ne sont pas destinées à sauvegarder l’emploi, Sarkozy a pris soin de prédire que les licenciements étaient « inévitables ».

Face à ces discours pseudo-fatalistes qui ne sont que des alibis à contre-réformes, une seule réponse possible : la lutte sociale !

Vincent Nakash (AL Paris-Sud)

 
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