International

Italie : Le néo-fascisme veut imposer sa griffe




Depuis sa nomination au poste de cheffe du gouvernement, Georgia Meloni s’est évertuée à présentée une image acceptable. L’Union européenne est rassurée et même la CGIL (le principal syndicat en Italie) l’a invitée à son congrès. Pourtant sa politique est bien marquée du sceau de l’extrême droite.

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, Georgia Meloni semble être en passe de réussir son pari de rendre acceptable le fait de voir un pays dirigé par la leader d’un parti néofasciste. Ce n’est pas par facilité de langage que ce terme de néofasciste est utilisé. Si le parti de Georgie Meloni, Fratelli d’Italia, se revendique officiellement «  de centre-droit national  », et c’est ainsi qu’il est repris dans la presse en Italie et ici aussi, le parti de Meloni est bien né d’une scission de l’ancien parti Alleanza nazionale, lui-même issu du MSI (Movimento sociale italiano), le parti néofasciste fondé en 1946 par d’anciens de la République de Salo et divers militaires prêts à maintenir la flamme du fascisme. La fameuse flamme tricolore, qui sert de logo à Fratelli d’Italia et dont s’est inspiré le Front national à sa création.

De même les thèmes chers à Meloni sont ceux de la droite réactionnaire  : glorification de la famille, des valeurs traditionnelles et de la religion, et ses obsessions sont bien celles de l’extrême droite  : la peur des migrants et du «  Grand remplacement  ».

Depuis son arrivée au pouvoir Meloni met en œuvre une politique économique libérale qui ne déplaira pas à l’Union européenne. Le 16 mars dernier le Conseil des ministres approuvait une réforme fiscale qui promet de «  révolutionner  » le système actuel progressif pour aller vers un impôt unique pour tous, qui était l’une des promesses phare du programme de la coalition Fratelli d’Italia / Lega Nord / Forza Italia. Cette réforme est justifiée par l’éternel mantra néolibéral d’allègement de la charge d’impôts pesant sur les ménages et sur les entreprises afin de relancer l’économie  : «  Cette réforme fiscale est fondamentale pour relancer l’économie, encourager l’investissement des entreprises et garantir une plus grande richesse aux salariés  », nous dit Meloni.

Ces derniers mois ont également vu se multiplier les manifestations de sympathie, et plus encore, envers le régime de Mussolini. Les célébrations en octobre dernier des cent ans de la Marche sur Rome ont été l’occasion pour l’extrême droite italienne et européenne (de nombreux militants français ont fait le déplacement pour l’occasion) de se réunir autour du souvenir de cet acte fondateur du fascisme. Plus banalement les propos glorifiant le Duce et les reprise des slogans fascistes se sont multipliés.

Des fafs en roue libre

Mais plus grave encore les bonnes vieilles recettes fascistes d’intimidation physique sont elles aussi de retour. Le 4 février dernier, six jeunes militants d’Azione studentesca, un groupuscule d’extrême droite lié au parti de Meloni, ont agressé quatre élèves à la sortie d’un lycée de Florence. L’émotion suscitée dans la péninsule par les images de l’agression, qui a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, n’a suscité aucun commentaire du côté du gouvernement. Seul le ministre de «  l’Éducation et du Mérite  », membre de Lega Nord, sanctionna une proviseure pour avoir envoyé une circulaire dans laquelle elle mettait en garde contre l’indifférence face aux violences de rues.

L’arrivée au pouvoir de Meloni s’est également accompagnée par un durcissement prévisible des mesures anti-migrantes (voir ci-dessous) et plus récemment des attaques ciblées à l’encontre des couples et familles homosexuelles  : interruption de l’enregistrement à l’état-civil des enfants issus de familles homoparentales et, à la suite de la Pologne et de la Hongrie, rejet du certificat européen de parentalité visant à ce que les enfants puissent bénéficier dans l’ensemble de l’Union des droits attachés à la filiation. La GPA est aujourd’hui dans le viseur du gouvernement et de sa majorité, Federico Mollicone, président de la commission culture de la chambre des députés et député Fratelli d’Italia, considérant que la GPA est «  un crime plus grave que la pédophilie  ».

Devant ces faits, l’invitation de Georgia Meloni par la CGIL, le principal syndicat italien, pour intervenir lors de son récent congrès, est difficilement compréhensible vue d’ici. Bien qu’accueillie par quelques sifflets et des couplets de Bella Ciao, la leader néofasciste a pu s’exprimer tout à fait normalement, déroulant son programme libéral face aux congressistes d’une organisation qui fut pris pour cible par des militants néofascistes de Forza Nuova il y a de cela à peine un an et demi.

Alors, rappelons-le, de rue ou d’assemblée, le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève  !

David (UCL Chambéry)

 
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