Lire : Mollie Steimer, Je n’ai rien à perdre que mes chaînes
Les éditions Nada publient un court ouvrage retraçant la vie et les combats de Mollie Steimer (1897-1980), militante anarchiste internationaliste juive, née en Russie, elle est arrivée aux États-Unis à l’âge de 15 ans, expulsée une première fois en Russie bolchevique en 1921 pour ses activités de militante anarchiste, expulsée d’U.R.S.S. en 1923 vers l’Allemagne, elle s’installe un temps en France d’où, apatride et poursuivie par Vichy, elle fuit au Mexique où elle finira sa vie. Sa vie et ses combats croiseront quelques une des grandes figures de l’anarchisme : Emma Goldman, Alexandre Berkman, Voline.
Elle restera toute sa vie une infatigable activiste : emprisonnée dans les geôles capitalistes aux États-Unis, arrêtée et surveillée par le Guépéou (police d’État soviétique), elle œuvrera toute sa vie en soutien aux prisonniers anarchistes en U.R.S.S. à travers différentes associations, comités de défense et fonds de soutien.
Proche de Voline, elle dénoncera la « Plate-forme organisationnelle » dont elle considère « qu’en demandant la création d’un comité central exécutif », elle contenait « les germes de l’autoritarisme » et « entrait en contradiction avec les principes de base de l’anarchisme » à savoir « l’autonomie et l’initiative locales ». Fortement marquée par ce qu’elle a vu et vécu en U.R.S.S. de la part des « communistes autoritaires » – son court texte « Les communistes sont des geôliers » reproduit dans l’ouvrage en est l’illustration – elle en gardera une défiance à l’égard des communistes et de toute tentative de centralisme.
Composé d’un long texte hommage de Paul Avrich, historien, spécialisé des mouvements anarchistes aux États-Unis et Russie, et de plusieurs articles de Mollie Steiner, l’ouvrage rend justement hommage à une militante anarchiste dont la vie et les combats ont toujours été dictées par des principes simples auxquels nous souscrivons : « je défendrai mon idée, le communisme libertaire, où que je sois ».
David (UCL Savoies)
- Mollie Steimer, Je n’ai rien à perdre que mes chaînes, éditions Nada, octobre 2023, 128 pages, 10 euros.
