International

Palestine : Un nouveau tournant pour la résistance palestinienne




Les dernières violences en Palestine sont le fruit d’un renouveau de la résistance palestinienne, où la jeunesse s’autonomise des partis traditionnels. En France, il s’agit de renforcer la solidarité.
Depuis le début de l’année, trente-trois Palestiniennes ont été tuées par les forces armées israéliennes. L’attaque contre le camp de réfugiées de Jénine qui a fait plus de dix morts a été la plus meurtrière depuis vingt ans en Cisjordanie, où la population palestinienne n’en peut plus de l’occupation et de l’accroissement de la colonisation…

Avec le retour de Netanyahou à la tête d’une coalition d’extrême droite et l’entrée au gouvernement israélien d’Itamar Ben-Gvir – un fasciste incontrôlable – au poste de ministre de la sécurité nationale, le risque de fuite en avant de l’état israélien est grand. Déjà avec le gouvernement centriste précédent, l’année 2022 avait été la plus meurtrière depuis 2014, avec plus de 230 Palestiniennes assassinées par les forces d’occupation israéliennes ou par des colons, particulièrement en Cisjor­danie [1].

Le renouveau de la résistance palestinienne

Avec le Fatah en Cisjordanie, sous occupation militaire israélienne, et le Hamas à Gaza sous blocus [2] (depuis déjà quinze ans) les Palestiniennes semblaient privées de tous les aspects collectifs de leur lutte depuis des années. Mais depuis un an ils et elles ont réussi à la fois à remettre en place leur unité populaire et à y ré-inserer la lutte armée comme forme de résistance en Cisjordanie, en particulier à Jénine, à Naplouse, comme à Gaza. Cet été, la résistance palestinienne a vu apparaître de nouveaux groupes : la Fosse aux Lions, le Bataillon de Naplouse, la Brigade de Jénine, regroupant des jeunes militantes de tout courant débordant les structures politiques classiques, échappant à leur contrôle et agissant de façon décentralisée. En l’absence de formation militaire, la montée en puissance de ces groupes armés ont poussé les jeunes à organiser leurs propres groupes locaux, même s’ils sont plus petits et sans beaucoup d’armes. À Ramallah et à Al-Bireh, par exemple, un groupe décentralisé de jeunes a formé le « bataillon de perturbation nocturne », se concentrant sur la lutte contre les invasions israéliennes avec des cocktails Molotov et des jets de pierres.

Avec la succession approchante de Mahmoud Abbas, âgé de 87 ans, le retour des violences en Cisjordanie est un enjeu très politique et Israël observe cela avec inquiétude. Dans sa stratégie classique, il a poussé à l’action armée contre Gaza, visant tout particulièrement le Djihad Islamique et le Hamas pour tenter de maintenir la division entre les deux entités palestiniennes, la grande peur étant de voir l’unité palestinienne se consolider. L’autorité palestinienne a d’ailleurs rompu son accord de coopération sécuritaire et a appelé la communauté internationale à protéger la population palestinienne. Les violences actuelles de Tsahal ont pour objectif de décourager la création de nouvelles brigades autonomes incontrôlables.

CC BY-SA 2.0 - Montecruz Foto

La complicité française

Le 2 février dernier, Netanyahou a été reçu par Macron qui a exprimé la « solidarité de la France avec Israël face au terrorisme ». Cette rencontre avec Netanyahou est scandaleuse  ; la position française reste hypocrite, se cachant toujours derrière Oslo et le processus de paix – que tout le monde sait mort – prétexte à maintenir le statu quo. En France, l’État accompagne la censure de la solidarité avec la Palestine, comme en a fait les frais notre camarade Salah Hamouri dernièrement (voir encadré). Alors que l’Union européenne décrète qu’il est antisémite de déclarer l’État d’Israël comme État d’apartheid [3], il nous faut au contraire renforcer la campagne de Boycott Désinvestissement et Sanction (BDS), celle-ci ayant continué toutes ces années : citons les actions sur le tour de France ou contre la participation d’Israël à l’Eurovision et la campagne ciblant AXA, Puma... Une campagne se monte actuellement contre Carrefour, l’enseigne française active dans les colonies via ses accords de franchise avec la société israélienne Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan. Il s’agit de s’y investir largement.

Renforcer la solidarité

Les manifestations de solidarité lors de la coupe du monde, comme un désaveu des accords d’Abraham entre Israël et les pays du Golfe et le Maroc, ont témoigné que les peuples n’ont pas détourné les yeux de la cause palestinienne dans la région, malgré que celle-ci soit la proie d’un certain nombres de conflits et d’enjeux. De nombreuses manifestations ont eu lieu en Israël également pour dénoncer la politique du gouvernement actuel et son caractère antidémocratique et fascisant. Il s’agit ici aussi de renforcer la solidarité et la campagne BDS comme front de l’extérieur, en s’attaquant aux cordons ombilicaux de la colonisation  !

Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)


Israeli Apartheid Week, du 13 au 27 mars 2023

L’Israeli Apartheid Week est un rendez-vous incontournable de la solidarité avec la palestine. Il s’agit d’une semaine (au sens large) internationale organisée chaque année en mars (cette année, du 13 au 27 mars). S’organiseront durant ces jours des évènements, projections, tout particulièrement sur les facs où elle est particulièrement dynamique. Elle se termine par la Journée de la Terre tous les 30 mars : cette date commémore les expropriations des palestiniennes de 48 en Galilée qui eurent lieu le 19 février 1976, auxquelles les palestiniennes répliquèrent par une grève générale le 30 mars suivant, et auxquelles se joignent alors les palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie. Il y aura six morts. Il s’agit d’une date symbolique de l’unité du peuple palestinien dans la résistance. Elle a lieu tous les ans et est l’occasion de manifestations ou de rassemblements.


CC BY-NC-ND 2.0 - The Left

Soutien à Salah Hamouri

Salah Hamouri, militant franco-palestinien, a été incarcéré à plusieurs reprises. En 2005 à 20 ans, il est arrêté par les services de sécurité israéliens qui le suspectent d’avoir voulu assassiner le rabbin d’extrême droite Ovadia Yossef, du fait qu’il soutient le Front Populaire de Libération de la Palestine. Libéré en 2011, il est à nouveau incarcéré en 2017 et libéré un an plus tard, au prétexte qu’il ait renoué avec le FPLP. Incarcéré à nouveau en mars 2022 par le Shin Beth sans aucune raison formelle, il a été expulsé en France contre son gré le 18 décembre dernier, son permis de résident dans sa ville natale Jérusalem ayant été révoqué.

Il fait l’objet d’une campagne haineuse depuis plusieurs semaines, traité de terroristes par plusieurs activistes sionistes et par l’extrême droite, au point où la ville de Lyon a décidé d’annuler sa participation à une table ronde sur les trente ans des accords d’Oslo suite à des pressions de l’État, reconnu par Darmanin  ! Salah Hamouri continue le combat pour avoir le droit de retourner chez lui à Jérusalem et se fait le porte-voix des prisonniers et prisonnières palestiniennes  ; il risque de faire à nouveau les frais d’attaques et de censures. Nous lui apportons notre solidarité et notre soutien.

[1Agence Medias Palestine « Bilan du nombre de morts en Palestine occupée durant l’année 2023 », 31 janvier 2023.

[2Chronique de Palestine, « Gaza rendu inhabitable : le moment de vérité », 29 octobre 2019.

[3Agence Medias Palestine, 25 janvier 2023.

 
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