« Parents vigilants » : L’école dans le viseur de l’extrême droite

Le samedi 24 juin dernier, à Pierrefite-sur-Sauldre, Éric Zemmour et Marion Maréchal étaient les invités principaux de la Fête de la Violette, relancée pour l’occasion par Guillaume Peltier : ex-FN, ex-MNR, ex-UMP, ex-LR et candidat aux dernières législatives sous l’étiquette Reconquête. Dans son discours, point d’orgue de la journée, Zemmour y développait son plan d’attaque contre l’école via son association Parents vigilants.
Suite à son échec à l’élection présidentielle, Éric Zemmour décidait de se relancer en axant son discours sur la lutte contre « l’idéologie islamo-wokiste à l’école » [1], passant du « Grand remplacement » au « Grand endoctrinement ». Dans la foulée se créait un mouvement, « Protégeons nos enfants » et une pétition pour « protéger nos enfants » des nombreux dangers qui les guetteraient à l’école : « D’un côté, de nombreux militants d’extrême-gauche et “wokes” arrivent à diffuser l’idéologie déconstructiviste jusque dans les manuels scolaires, dans les programmes. Depuis des années, ils font pression. Ils influencent les professeurs qui resservent leur soupe LGBT. Ils réécrivent l’Histoire à la sauce gauchiste ». Zemmour se positionnait ainsi dans une stratégie éprouvée de longue date par l’extrême droite, c’est notamment ce que nous rappelle Grégory Chambat dans ses travaux historiques [2].
L’association Parents vigilants était créée dans la foulée et entamait son travail de « veille » et surtout de harcèlement fortement relayé sur les réseaux sociaux où la fachospère est très active mais aussi dans des médias réactionnaires où sont livrés à la pâture des charognards d’extrême droite des noms d’enseignant [3]. Les premiers effets néfastes ne se sont guère faits attendre. Dès le mois de novembre 2022, Sophie Djigo, professeure de philosophie en classe préparatoire à Valenciennes, subit une campagne de menaces et d’insultes sur les réseaux sociaux, au point de devoir annuler une sortie pédagogique et de bénéficier d’une protection juridique de la part de l’Éducation nationale [4] pourtant peu amène à protéger ses fonctionnaires de terrain.
es et/ou d’établissements scolairesJouant sur la peur qu’ils s’évertuent à créer de toute pièce, les réseaux zémmouriens ont été très actifs mettant la pression sur nombre d’enseignant [5]… tandis que les « forces de gauche » restaient relativement discrètes.
es et d’établissements scolaires : des semaines de l’égalité (c’est voir le niveau de leur haine) ayant notamment été annulées suite à des coups de pression exercés. S’ensuivirent des mobilisations contre des lectures faites par des drag-queens et drag-kings dans des médiathèques où pour l’occasion des groupes de rue sont venus mettre physiquement la pression comme à Paris ou à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine). À Bordeaux, Lamballe ou Toulouse, partout où ces lectures se sont tenues, l’extrême droite s’est fortement mobilisée, obtenant même des annulation de ces lecturesUne stratégie mesquine d’occuper l’espace
Éric Zemmour annonçait lors de son discours de la Fête de la Violette le 24 juin dernier une nouvelle offensive contre l’école, enjoignant ses militants à s’engager lors des élections des représentant
es des parents d’élèves afin de siéger dans les instances des établissements scolaires et d’y injecter leur venin haineux. Début septembre, dans un courrier à ses militants, Reconquête donnait le mode d’emploi pour se présenter à ces élections et pointait justement que la faible participation des parents impliquait une élection certaine des parents se présentant sur des listes.L’école est un champ de lutte idéologique, l’extrême droite l’a bien compris, il est essentiel pour nous militant
es libertaires de lutter contre les tentatives d’intrusion et d’intimidation de l’extrême droite et de militer en faveur des pédagogies alternatives et émancipatrices.Alexandre DeLarge (UCL Savoies)