Syndicalisme

MNHN : Une nouvelle grève victorieuse au Muséum !




Depuis des années les mouvements de grève se multiplient au Muséum national d’Histoire naturelle. Derrière les lambris prestigieux d’un établissement historique se cachent des relations sociales délétères et des projets de réorganisation des services imposés aux salariées et néfastes aux missions de service public. Le dernier mouvement en date a imposé un rapport de force inédit à la direction qui a vu la victoire de l’auto-organisation des salariées.

Le 26 juin dernier, les visiteurs et visiteuses de la Grande Galerie de l’Évolution et de la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée du Muséum national d’Histoire naturelle, sixième site touristique parisien, ont eu la surprise de trouver portes closes. Un piquet de grève combatif organisé par le syndicat CGT local rassemblait de nombreuses et nombreux salariées à l’entrée du site. Les grévistes revendiquaient le retrait d’un projet dit de « mutualisation » de leurs activités imposé sans concertation par la direction de l’établissement. L’objectif de l’employeur était clair : augmenter la charge de travail des équipes, refuser de nouvelles embauches malgré un sous-effectif chronique et refuser de reconnaître les qualifications des salariées en leur imposant des fiches de postes qui ne correspondent pas à leur métier.

Une chercheuse atterrée

Alertées de l’existence de ce projet de « mutualisation » par leurs camarades élues au Conseil Social d’Administration (CSA) de l’établissement, les salariées des trois services directement concernés s’étaient retrouvées pour échanger et établir des revendications communes. Dans un premier temps, ils et elles ont sollicité le Président du Muséum pour obtenir un rendez-vous et, au moins, la suspension du projet. La Direction leur a répondu avec mépris, leur accordant une entrevue programmée… dix jours après la réunion du CSA qui devait acter la « mutualisation » des services !

Une direction d‘abord sourde aux revendications…

Les agentes des trois services ont alors déposé, via leur syndicat CGT, un préavis de grève reconductible. Ce coup de semonce ne suscita pourtant pas la moindre réaction à la tête de l’établissement, qui ne chercha pas à négocier, sous-estimant l’état du rapport de force.

Car la grève reconductible initiée le 26 juin fut une réussite totale, avec près de 100 % de grévistes dans les trois services  ! Cette journée de lutte, soutenue notamment par des camarades de l’Union Locale CGT des Xe et XIe arrondissements, par la FERC CGT, la CGT Ferc-Sup et la CGT Éduc’ Action, provoqua stupeur et panique chez la direction. Et oui, même une machine bien huilée tourne beaucoup moins bien sans personne pour la faire fonctionner  ! La direction trouva, étonnamment, un créneau le jour-même afin de recevoir une délégation des grévistes. Au cours de cette négociation, la direction a été forcée de reculer et de retirer son projet.

… mais qui a finalement dû céder

Par cette mobilisation, les grévistes ont pris conscience de leur force dès lors qu’ils et elles reprennent le contrôle de leur outil de travail et s’organisent collectivement.

Au-delà de la victoire pour les salariées des services directement concernés, ce mouvement a parfaitement illustré pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du Muséum le rôle que peuvent jouer l’auto-organisation et la grève dans le rapport de force face à des directions toujours plus autoritaires.

Gargamel et Azraël


Tout se passe bien au Royaume de France

Le 21 septembre, jour anniversaire de l’abolition de la monarchie, le Muséum National d’Histoire Naturelle était fermé aux visiteuses et visiteurs ainsi qu’à ses salariées. Motif de cette décision autoritaire imposée à l’établissement public : le roi de France Macron Ier recevait son copain le roi d’Angleterre, accompagné d’une clique de représentants de multinationales réunis pour discuter capitalisme, biodiversité et greenwashing [1].

Pour protester contre ce fait du Prince, des syndicalistes de la CGT, des salariées et des étudiantes
du Muséum et de Sorbonne Université se sont rassemblées pacifiquement devant l’entrée de la fac voisine lors de leur pause déjeuner. Mais dans un pays où l’autoritarisme monarchique a été rétabli, pas question de tolérer la libre expression ni le moindre accro au récit officiel.

Un nombre conséquent de robocops en armure, armés jusqu’aux dents, a débarqué pour nasser l’ensemble des personnes présentes et les empêcher de se réfugier dans l’enceinte de la fac.

Après avoir été bousculées, elles ont été retenues sur place de force et verbalisées pour « participation à une manifestation illégale ». Les 135 euros d’amende extorqués à des étudiantes et des jeunes salariées précaires seront bien utiles pour couvrir les frais du repas royal donné la veille à Versailles  !

Lilith

1. Selon l’ADEME, le terme de greenwashing est utilisé « pour qualifier tout message publicitaire pouvant induire le public en erreur sur la qualité écologique réelle d’un produit ou d’un service ou sur la réalité de la démarche développement durable d’une organisation ».

[1Selon l’ADEME, le terme de greenwashing est utilisé « pour qualifier tout message publicitaire pouvant induire le public en erreur sur la qualité écologique réelle d’un produit ou d’un service ou sur la réalité de la démarche développement durable d’une organisation ».

 
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