Traduction de l’article « Prison time for convicted anarchist »

Prison ferme pour un anarchiste




Le procès de 11 anarchistes israéliens s’est terminé hier, 18 mars 2007, par l’annonce d’une peine particulièrement sévère : l’un des accusés écope de plusieurs jours de prison ferme. En février 2004, le premier jour du procès sur le Mur de Séparation au tribunal de La Haye, Eran Nissim et dix autres anarchistes avaient bloqué la rue devant le siège du Ministère de la Défense israélien à Tel-Aviv pendant quelques instants pour protester contre la construction du Mur de l’Apartheid.

Seul Nissim s’est vu infliger une peine de prison, suite à une précédente condamnation liée, elle aussi, à une manifestation à caractère idéologique. Le procureur dans cette affaire a renoncé aux accusations initiales d’agression et d’obstruction pour ne retenir, en fin de compte, que celles « d’attroupement illégal » et d’actes de vandalisme sur un bâtiment public (des tags) ; la plupart des accusés ont fait l’objet d’une condamnation symbolique sous forme de plusieurs heures de travaux d’intérêt général. Cependant, du fait de sa condamnation antérieure, Nissim a été astreint à payer une amende de 750 NIS (environ 135€) assortie d’une amende supplémentaire de 5000 NIS (environ 900€) au cas où il serait inculpé pour des faits similaires au cours des deux prochaines années. Il a refusé de payer.

« Je ne m’oppose pas aux travaux d’intérêt général ni à l’incarcération, dit Nissim, mais je refuse de payer une amende, car cela revient à apporter un soutien financier au tribunal ; or, c’est cette même institution qui nous a traduit-e-s en justice et traité-e-s en criminel-le-s, moi et d’autres camarades qui militent pour la justice sociale. J’ai suffisamment payé pendant les trois années qu’a duré notre procès. » En ce qui concerne l’amende qui pourrait lui être infligée s’il participe à d’autres manifestations politiques, il a déclaré : « Il est hors de question que je prenne l’engagement de m’abstenir de participer à de telles actions. »

Nissim est prêt à subir ses trois jours d’emprisonnement pour chacune des deux amendes, sans doute au centre pénitentiaire d’Abu Kabir. Une peine de six jours d’incarcération pourrait certes paraître peu de chose, mais il faut bien voir que cela ne reflète qu’un aspect du harcèlement institutionnalisé et de la répression systématique qui s’abattent sur les militants politiques israéliens et palestiniens. Les arrestations répétées, les heures passées en garde à vue, les procès si éprouvants et si coûteux, les amendes et les travaux d’intérêt général : autant d’insupportables contraintes qui pèsent de tout leur poids sur le travail des militants en quête de justice sociale. Chose étrange, même le juge Muki Landman, qui présidait le tribunal lors du procès, a plusieurs fois fait savoir que lui-même était opposé à l’inculpation des accusés. Le fait qu’il soit légalement contraint de les condamner constitue une preuve supplémentaire de la complète dérive des notions de loi et de justice au sein du droit israélien d’aujourd’hui.

Le groupe « Anarchistes contre le Mur » soutient la décision de Nissim qui a préféré la prison plutôt que les amendes, et appuie sa prise de position : payer équivaudrait à apporter un soutien financier au tribunal et par là-même à perpétuer l’occupation de la Palestine par Israël. Nous soutenons fermement Nissim dans son opposition au système et serons là pour l’accompagner jusqu’à la prison à une date qui sera publiée ultérieurement.

 
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