Syndicalisme

Muséum d’histoire naturelle : seuls les dinosaures ne font pas grève




Quand les métiers ouvriers, intellectuels et techniques, habituellement séparés par la division du travail et sa hiérarchie, marchent main dans la main… ça donne une grève dynamique et un syndicat qui redevient un outil vivant et motivant.

Un mouvement social inédit secoue le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Le personnel de l’accueil-billetterie et celui de la médiation scientifique ont mis en commun leurs revendications et mené deux week-ends successifs de grève, les 26 et 27 février, puis les 3 et 4 mars. Bas salaires, embauches en CDD, temps partiels imposés, pénibilité non reconnue, dégradation des conditions de travail, augmentation des cadences, externalisation à la sous-traitance  : la coupe était pleine quand, le samedi 26 février, les équipes ont décidé de cesser le travail et de constituer un piquet de grève sur le parvis de la grande galerie de l’évolution, celle qui abrite les célèbres squelettes de dinosaures.

Le ras-le-bol était amplifié par l’attitude d’une hiérarchie qui faisait la sourde oreille malgré les nombreuses alertes du personnel mobilisé sur les problèmes d’organisation et les dysfonctionnements de l’outil de travail. Le piquet de grève a permis de sensibiliser le public à la situation des travailleuses et des travailleurs précaires du Muséum. Les grévistes ont ainsi reçu un soutien massif bienvenu, qui a permis de contrebalancer le mépris de l’employeur public pour leur situation matérielle et leurs revendications : encouragements à continuer la lutte, signatures de pétition, dons pour la caisse de grève... La solidarité du public a été au rendez-vous, ainsi que celle d’un grand nombre de collègues appartenant à d’autres métiers du Muséum.

Rupture avec la culture délégataire

Une part importante des grévistes sont entrés au syndicat CGT, qui accompagne la lutte. Cette appropriation directe de l’outil syndical, combinée à un fonctionnement horizontal et non délégataire pour les prises de décision et le porte-parolat, ont constitué un point d’appui décisif. Nous en reparlerons plus en détail dans un prochain article.

Fait notable, cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de convergence entre plusieurs métiers qui sont habituellement séparés par la division du travail et sa hiérarchie  : métiers ouvriers, intellectuels et techniques marchent ici main dans la main et luttent ensemble. Dans l’animation scientifique, les grévistes sont toutes et tous des précaires à temps partiels avec un haut niveau de diplôme.

À l’accueil-billetterie, ce sont majoritairement des travailleuses, souvent issues des classes populaires. Alors que la direction fait tout pour les diviser, en tentant un tri ­catégoriel des revendications, les salariées font bloc !
Pour la fin des temps partiels imposés, l’arrêt du travail précaire, la revalorisation des salaires, la fin de la sous-traitance et l’amélioration des conditions de travail : les grévistes du Muséum ne lâcheront rien !

Alexis (UCL Montreuil)

 
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