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Lire : Bégaudeau, « Comment s’occuper un dimanche d’élection »




Dans ce court texte au croisement de la réflexion décontractée, de la balade nonchalante et de l’essai politique, publié par la jeune maison d’édition Divergences, François Bégaudeau s’amuse à jouer à l’« abstentionniste non prosélyte ».

Il s’amuse avec un style alerte, imagé, rigolard. Le livre est truffé de bons mots, de punchlines bien senties  : « la démocratie n’advient pas par l’élection, mais entre les élections ».
S’il feint de pas prendre son sujet au sérieux c’est aussi qu’il se joue de nous. Bégaudeau aime la politique donc il n’aime pas les élections. Et c’est à une charge féroce qu’il se livre d’autant plus féroce qu’elle est exécutée avec humour et détachement, pointant justement toutes les limites de ce divertissement qu’est l’élection.

Il prend d’abord des chemins attendus  : la passivité de l’électeur qu’on ne convie à s’intéresser à la politique qu’à la date des élections, mais demeurant le reste du temps une affaire gérée par ceux qui savent. Il pointe les grands enjeux qui ne sont jamais débattus, la permanence de l’ordre garanti par l’élection.

L’un des points qui retient particulièrement l’attention est la notion de situation qu’il développe dans la seconde partie de son livre. L’acte de voter est un acte solitaire et hors situation, alors même que la politique ça se fait à plusieurs, et en situation.

Ici Bégaudeau rejoint une tradition libertaire qui ne rejette pas le vote mais l’élection. Le vote à main levée pour occuper un lieu de travail ou d’étude, est un vote en situation  : « les votants en situation décident d’actes qu’il ne délégueront à personne ».

Être votant et exécutant, se redonner le pouvoir, se vivre en sujet politique, tout cela ne saurait venir de l’élection, qui en est l’exact opposé.

Alors comment s’occuper un dimanche d’élection  ? Surtout pas en se précipitant à cette « primaire de droite » qu’est l’élection présidentielle  !

David (UCL Grand Paris sud)

  • François Bégaudeau, Comment s’occuper un dimanche d’élection, éditions Divergences, 2022, 122 pages, 14 euros.
 
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