Palestine : un soulèvement qui change la donne




Les hostilités militaires ne doivent pas masquer l’importance du soulèvement populaire, incluant les Palestiniennes et Palestiniens de nationalité israélienne, qui contestent l’apartheid et la domination coloniale.

Il est primordial de comprendre que le projet sioniste puis la création de l’État d’Israël s’inscrivent dans une logique par essence coloniale, et impérialiste en ce qui concerne les pays le soutenant pour des raisons d’intérêts politiques divers. La tactique israélienne de rallier l’Occident et l’opinion à sa politique mortifère sous couvert de lutte contre le terrorisme ne doit pas nous leurrer. Il ne s’agit pas d’un conflit religieux, il ne s’agit pas de lutte contre le terrorisme.

L’actuel soulèvement en Palestine a démarré à Jérusalem il y a quelques semaines, avec comme point de départ la décision israélienne d’expulser des familles palestiniennes de leurs maisons dans le quartier palestinien de Cheihk Jarrah, sous occupation israélienne depuis 1967. Ces expulsions ne sont pas nouvelles puisque depuis sa création l’État israélien a toujours mené une politique de «  transfert  » des Palestiniennes hors de leurs maisons et de leurs terres, afin d’y installer des colons et de favoriser l’homogénéisation du territoire.

L’installation massive de colons sur le territoire palestinien vise aussi à imposer le morcèlement de la Palestine et de démontrer par-là, par ce fait accompli, qu’il n’est pas possible de définir de frontières pour un hypothétique État palestinien. Les familles palestiniennes de Jérusalem vivant sous occupation sont expulsées depuis des dizaines d’années.

La mobilisation palestinienne de ces dernières semaines en défense de ces familles a été suivie d’attaques très violentes de la part de groupes israéliens d’extrême droite, sous le regard complice de la police. L’interdiction de se retrouver dans certaines parties de la ville a augmenté la colère des Palestiniennes, puis ils ont subi des attaques de la police sur l’esplanade des Mosquées qui a ensuite saccagé l’intérieur de la mosquée Al Aqsa, faisant plus de 200 blessés et d’importants dégâts.

La révolte s’est amplifiée à Jérusalem, mais elle tire ses racines profondes d’un demi-siècle d’oppression. Une source d’espoir est que les Palestiniennes de 48 (celles et ceux restés sur le territoire devenu israéliens et appelés «  arabes israéliens  » pour euphémiser leur identité), les Palestiniennes sous occupation en Cisjordanie, les Palestiniennes vivant dans la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, et les Palestiniennes en exil notamment au Liban et en Jordanie, se sont soulevées en solidarité avec ceux de Jérusalem.

Les Palestiniennes ne comptent que sur eux et elle-mêmes

Pour la première fois depuis des dizaines d’années, des Palestiniennes en exil ont franchi pour quelques instants les frontières israéliennes pour revenir sur leur terre d’origine. Différentes factions combattantes, dont le Hamas, ont riposté en visant Tel Aviv et d’autres territoires.

Les Palestiniennes des villes dites «  mixtes  », c’est-à-dire où vivent encore des Palestiniennes ayant la citoyenneté israélienne (comme Lod par exemple), sont sorties dans la rue malgré une répression féroce. Les Palestiniennes de l’intérieur ont appelé massivement à une grève générale mardi 18 mai, qui a été très suivie par l’ensemble des travailleuses et travailleurs.

Alors que des gouvernements de pays arabes sont engagés dans des processus de normalisation avec Israël, les Palestiniennes savent aujourd’hui que leur libération ne viendra que d’elles et d’eux-mêmes et qu’ils ne doivent compter sur aucun État, qu’il soit arabe ou musulman. La grève générale démontre une volonté politique de s’engager dans la lutte comme travailleuses et travailleurs et pas sur des critères religieux.

Les Palestiniennes portent également une grande attention aux signes de solidarité venant d’autres pays, les manifestations, la diffusion d’informations sur les réseaux sociaux et dans les médias, tout signe ou action de soutien, et plus encore l’amplification de leurs propres revendications  : application du droit au retour pour tous les réfugiés, fin du système d’apartheid en Israël, démantèlement du mur de séparation et fin de la colonisation.

C’est tout cela que les Palestiniennes nous demandent aujourd’hui, en signe de solidarité, à nous d’être à la hauteur de leurs demandes et de montrer un engagement dans la rue et partout ailleurs.

Hélène (UCL Grand Paris Sud)

 
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