Culture

Lire : Ridley, L’alt-right : de Berkeley à Christchurch.




Ouvertement raciste, sexiste, homophobe, l’alt-right a largement investi les médias et la rue à la suite de l’élection de Trump.

La violence des trolls exprimée sans filtre sur divers forums s’est rapidement muée en violence physique, notamment lors des attentats de Charlottesville (2017), El Paso (2019) ou encore Christchurch (2019).

L’alt-right se caractérise par un recyclage de vieilles idées des droites les plus dures plus ou moins réactualisées et customisées à la sauce 2.0. Des néo-nazis aux islamophobes, le spectre est très large et parfois contradictoire. Dès lors comment définir l’alt-right  ?

C’est justement ce à quoi cherche à répondre le présent ouvrage, issu d’une thèse de sociologie. Après en avoir retracé la généalogie – l’influence est aussi française, à travers la nouvelle droite et la théorie du grand remplacement – l’auteur s’attache à étudier ce qui fait pour lui la particularité de ce mouvement  : l’inversion critique.

La deuxième partie s’attache à l’analyse du mouvement via les réseaux sociaux et nouveaux médias. C’est là que prend forme une caractéristique essentielle de l’alt-right  : «  l’inversion des valences  » ; la liberté d’expression y est instrumentalisée pour devenir une «  arme antiminoritaires  ».

La dernière partie, moins attendue, traite de l’activisme de l’alt-right dans le champ universitaire et les campus étasuniens et notamment celui de Berkeley, symbole de la contre-culture honnie par cette nouvelle extrême droite. Le détournement de la liberté d’expression est ici complet  : les limitations opposées à leur racisme et leur sexisme sont caractérisées comme la preuve d’une censure culturelle dont ils seraient les victimes.

En conclusion la lutte contre l’alt-right se mènera autant dans ces «  arènes culturelles  » que dans la rue.

Bref, une lecture nécessaire, même si on peut regretter que l’auteur ne fasse pas l’impasse sur quelques termes obscurs pour les non-sociologues.

David (UCL Grand Paris sud)

  • Simon Ridley, L’alt-right : de Berkeley à Christchurch, éditions du Bord de l’eau, 2021, 192 pages, 22 euros
 
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