Burqa un faux débat ou comment détourner l’attention des problèmes sociaux




Le souvenir des débats à propos de la loi interdisant les signes religieux à l’école, et qui n’a abouti qu’à l’exclusion de jeunes filles musulmanes conduit à voir dans le débat lancé sur la burqa et le niqab les mêmes éléments. Les musulman-es sont stigmatisé-es parce que ils et elles sont massivement des prolétaires d’ascendance migratoire et coloniale, et parce qu’il existe tout aussi massivement en France une culture chrétienne dominante et particulièrement prégnante.

La burqa et le niqab sont indéfendables. Surtout s’ils sont revêtus sous la contrainte. En même temps, il est idéologiquement hors de question de se baigner dans le même marigot islamophobe que celles et ceux qui se délectent d’y patauger afin de maquiller leur racisme anti-arabe en vertu laïque. Tout le petit monde politicien se contrefichait de ces vêtements avant que le député PCF André Gérin ne fasse son numéro. Puisqu’il est le maire de Vénissieux, il ferait mieux de s’occuper prioritairement des questions sociales qui normalement comptent davantage pour n’importe quel communiste de base, au lieu d’agiter le spectre de la sainte alliance républicaine PC-PS-UMP qui n’entraîne pas d’autre résultante que de noyer le poisson des clivages politiques. « Ni gauche, ni droite : républicain », voilà la boussole politique de ces idiots utiles qui donnent du grain à moudre à l’extrême-droite.

Alternative libertaire juge nécessaire la stricte laïcité, comprise comme l’éviction des religions des affaires publiques et l’affirmation sans ambiguïté de la supériorité de la démarche critique scientifique. Pour cette raison, nous apportons notre soutien critique à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, que nous jugeons salutaire et toujours d’actualité quoique constamment violée par l’État français (statut de l’Alsace-Moselle, signature en mars 2009, des accords avec le Vatican reconnaissant les diplômes délivrés par l’enseignement supérieur catholique).

Exiger des pouvoirs publics qu’ils interviennent sur la façon dont les individus investissent sur le plan vestimentaire l’espace public est donc le contraire de la laïcité. Cette conception délirante, qui a tant divisé les mouvements féministe et de gauche lors de la loi anti-foulard en mars 2005, est de retour. Mais ce n’est pas une loi visant quelques cas numériquement minimes qui peut nous détourner des vrais problèmes actuels.


Alternative libertaire, le 25 juin 2009

 
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