Édito : Attention, « espoir à gauche »




Aujourd’hui, parce que LFI a un programme néoréformiste et des chances d’accéder au pouvoir, on assiste au retour d’un phénomène disparu depuis près d’un quart de siècle : l’« espoir à gauche ».

La présidentielle de 2022 a recomposé le paysage politique en trois pôles : la droite autour de LRM/Renaissance ; l’extrême droite autour du RN ; la gauche autour de La France insoumise. Le leadership de LFI déplace le centre de gravité de la gauche de gouvernement. Pas jusqu’à la « gauche radicale » comme on l’entend parfois dans les médias, mais vers un néoréformisme. Avec un programme certes moins radical que le Programme commun de 1972 ou les « 110 propositions » du PS de 1981, mais nettement plus que la Gauche plurielle (PS-PCF-Verts-MDC-PRG) de 1997.

Cela faisait longtemps que la social-démocratie était morte dans ses prétentions à changer la vie ; elle n’était même plus réformiste ; l’électorat n’en attendait plus rien ; Hollande à l’Élysée, en 2012, avait été un non-événement.

Aujourd’hui, parce que LFI a un programme néoréformiste et des chances d’accéder au pouvoir, on assiste au retour d’un phénomène disparu depuis près d’un quart de siècle : l’« espoir à gauche ». Des pans entiers de l’électorat et du mouvement social vont y voir le salut.

Cela peut bousculer les révolutionnaires qui avaient perdu l’habitude de compter avec un tel acteur dans le paysage. À nous de savoir nous appuyer sur la politisation positive que ce néoréformisme peut entraîner, tout en prévenant contre les illusions qu’il véhicule : prétendre créer une société écologique et sociale sans rompre avec le capitalisme ? C’est impossible.

UCL, 22 mai 2022

 
☰ Accès rapide
Retour en haut