Écologie

Vaucluse : les « zapatatistes » de Pertuis laissent pas béton




Plus de 800 personnes se sont mobilisées le 14 mai à Pertuis dans le Vaucluse contre un projet d’extension d’une zone d’activités économiques menaçant 86 hectares de terres fertiles. Des militantes et militants luttent depuis plus de trois ans contre ce projet et alertent les habitantes et habitants sur les dérives de la politique locale.

Nous sommes en 2022 après J.-C., toute la Terre est attaquée par le béton. Toute  ? Non  ! Un village peuplé d’irréductibles zapatatistes résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ce village c’est celui de Pertuis, au cœur de la Provence, dont le maire, Roger Pellenc, n’a toujours pas compris que l’argent et le béton ne se mangent pas. Mais près de 30 associations et collectifs sont là pour le lui rappeler en luttant depuis presque trois ans contre un projet d’extension d’une zone d’activités économiques menaçant 86 hectares de terres. Une aberration pour de nombreuses raisons  : ces lieux sont habités, cultivés ou en friche, en zone humide et inondable au bord de la Durance, dont les crues régulières ont façonné un sol particulièrement fertile. Il faut également citer la grande richesse en biodiversité présente sur le lieu : sur les 1 047 espèces répertoriées sur la commune de Pertuis, 151 espèces sont protégées et 25 sont menacées à l’échelle nationale, et 40 à l’échelle régionale.

Alors, que viennent faire les patates là-dedans  ? C’est simple : la culture de la pomme de terre est traditionnelle dans la région, et lors de la première grosse mobilisation, en avril 2021, plus de 600 personnes se sont rendues sur place pour une plantation massive sur les terres menacées. Puis, à partir de novembre 2021, certaines maisons (vides suites aux expropriations) ont été occupées par les militantes et militants  : c’est ainsi qu’est née la Zap, la zone à patates [1].

Un maire aux méthodes douteuses

Roger Pellenc, personnage sulfureux entre maire, businessman et seigneur féodal ? Ce septuagénaire aux dents longues est le fondateur d’une entreprise d’équipements et de machines pour l’agriculture qui génère plusieurs centaines de millions d’euros de bénéfices. Mais avide et sans pitié, Roger lorgne sur ces hectares pour étendre son empire. Et quand Roger veut son pognon, il est prêt à tout : détruire sans autorisation les maisons voisines de la Zap (contenant de l’amiante), arracher portail et murs d’enceinte de la Zap au bulldozer... En toute illégalité et escorté par sa police municipale  !

Pourtant, les zapatatistes (en instance d’expulsion depuis la fin de la trêve hivernale) ne lâchent rien : les 14 et 15 mai furent un grand week-end de mobilisation autour d’un charivari en collaboration avec la Confédération paysanne de Paca et Soulèvements de la Terre. Déguisements, fanfares, plantations, marché paysan et d’artisanat : plus de 800 personnes ont défilé contre le bétonnage, et plus de 1 500 sur l’entièreté du week-end. Ce grand déferlement de contestation, mêlant joie et colère, a aussi généré quelques actes de vandalisme contre du matériel agricole d’une des sociétés vitrines de Pellenc, risquant de fragiliser l’une des dernières Zad de France, et ses soutiens. Mais avec les champs ensemencés, le béton tenu à distance et la Zap fortifiée, la détermination est forte de ne rien céder !

Pedro (UCL Aix-en-Provence)

[1Plus d’infos sur Zappertuis.noblogs.org 

 
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