Politique

Licences libres : Faciliter la création de communs immatériels




Le mouvement libriste promeut la création de communs immatériels et lutte contre la propriété intellectuelle soutenue par les capitalistes. Afin de faciliter la création libre et soutenir les auteurs et les autrices, les licences libres du projet Creative Commons ont vu le jour. Parce qu’une société libertaire est une société de commun, le librisme y contribue.

De la même manière que nous luttons contre la propriété privée et pour les communs, des mouvements luttent contre la propriété intellectuelle et pour les communs immatériels.

L’immatériel a l’avantage que de nouveaux objets peuvent être créés, pratiquement ex nihilo, et le librisme est le mouvement qui cherche à créer des communs immatériels.

L’outil principal de lutte des libristes sont les licences libres. Elles s’appuient sur le droit d’auteur et le copyright pour renverser leurs logiques et garantir énormément de droits et de libertés aux utilisateurs et utilisatrices des œuvres distribuées sous ces licences, permettant de détacher jusqu’à un certain degré la création de l’auteur ou de l’autrice, en faisant en pratique des communs.

Né dans le milieu de l’informatique, le librisme y a connu un grand succès et a permis des luttes salariales, comme les autrices et les auteurs d’Open¬Office qui en 2010 ont lâchées leur employeur pour créer leur propre structure, continuant leur travail comme LibreOffice.

Liberté et flexibilité à la base d’un succès

Il s’est rapidement étendu à d’autres domaines, avec pour autre succès notable Wikipedia qui, avec son accès libre, son financement par des dons et son développement ouvert, a supplanté les encyclopédies traditionnelles, tant en quantité, qualité et de variété des articles qu’en nombre de langues disponibles.

Wikipédia emploie ainsi une licence de type Creative Commons, destinée principalement aux œuvres artistiques, et qui propose quatre clauses que l’autrice et l’auteur peut choisir ou non d’appliquer à son œuvre. L’obligation de citer son nom en est une, mais il existe aussi une clause interdisant toute modification, et une autre interdisant tout usage commercial. Une licence Creative Commons qui comporte ces deux dernières clauses n’est pas considérée comme libre selon la définition classique de licence libre.

On peut espérer que dans une société socialiste la notion de propriété intellectuelle n’aurait plus de sens, seule la parenté d’une œuvre pourrait être encore pertinente, et les créatrices et les créateurs n’auraient pas à user du système restrictif et précarisant qu’est le droit d’auteur pour espérer survivre.

L’entretien et le développement des communs immatériels est un des enjeux principaux du librisme. Ils demandent une masse de travail et une charge mentale non négligeables qu’il est difficile de fournir sur le peu de temps libre arraché aux exploiteurs, et nombre de personnes finissent par arrêter d’entretenir les communs s’il ne leur est pas possible d’en vivre. Et c’est sans parler du financement des infrastructures nécessaires à ce que les communs tournent.

Travail gratuit ou dissimulé, exploitation des communs immatériels par les capitalistes ou encore impact écologique du numérique, de nombreux challenges attendent le mouvement libriste qui, alors qu’il est phagocyté par le mouvement libertarien de l’open source, doit plus que jamais se réinventer et se confronter à de nouveaux modes de lutte, comme les licences dites coopyleft ou encore anticapitalistes.

Adrien (UCL Montpellier)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut