Transports-Logistique

Abattre les cloisons fédérales entre syndicats




Le 4 mai 2022, la fédération CGT des transports a organisé une journée d’étude sur le secteur de la logistique, avec la présence d’autres fédérations. Un des sujets abordés a été celui du défi majeur posé au syndicalisme par cette branche du capital : l’organisation sur leurs lieux de travail des salariées.

Il est désormais vital pour les profits des capitaux investis dans la logistique d’instaurer et de maintenir l’éclatement des statuts des salariées sur un même lieu de travail : plusieurs entreprises, plusieurs conventions collectives, des contrats allant du CDI à toute la myriade des contrats précaires (intérim, sous-traitance, etc). C’est un obstacle sérieux pour une syndicalisation pérenne et massive.

Mais face à cela, les modes d’organisation des syndicats n’évoluent que trop peu. Et ils ne répondent pas au défi lancé par le capital.

Un des problèmes provient de la multiplicité des fédérations syndicales, dont les champs d’intervention sont en général calés sur les conventions collectives. Tel syndicat de l’entreprise majeure ou donneuse d’ordre ne va pas organiser des salariées qui dépendent d’une autre convention collective que la sienne, si cette dernière n’entre pas dans le champ de sa propre fédération syndicale, etc.

C’est aussi le cas avec les salariées en intérim. Cette inertie, reflet d’un schéma périmé qui vient de la période des « Trente Glorieuses », nous affaiblit, car elle nous divise. Cette situation pénalisante fragilise, quand elle ne l’empêche pas tout simplement, la création d’un rapport de force, au-delà de la CGT elle-même.

Mais lors de cette journée d’étude, une intervention d’un représentant de la CGT-FAPT (Fédération des activités postales et des télécommunications) a posé la question des modes d’organisation syndicale sur le lieu de travail.

Une intervention salutaire

Voici des extraits significatifs des réflexions de ce militant sur ce sujet :

« Une fois les constats posés et les propositions portées, se pose la question de notre organisation, à la CGT, face à ce dumping social. Il existe des réflexions entre Fédérations mais au niveau de la confédération, il faut s’interroger sur la manière d’organiser les travailleurs. Au vu de l’atomisation des métiers, continuons-nous à travailler chacun dans notre coin […] ?

Plusieurs fédérations se côtoient sur un même lieu de travail. Posons les enjeux autour de la communauté de travail pour défendre les intérêts immédiats des travailleurs. Nous devons arriver à créer des sections syndicales qui dépassent nos champs fédéraux. […]

Si nous ne syndiquons pas un salarié parce qu’il relève de la convention collective du Transport ou des Ports et Docks alors que nous travaillons côte à côte, les premiers perdants seront les travailleurs et le premier gagnant sera le capital. »

Sa proposition n’a pas vocation à être la potion magique qui pourrait répondre à toutes les situations rencontrées. Mais elle est la preuve qu’une réflexion sérieuse se tient dans certaines fédérations CGT. Cette démarche va-t-elle s’étendre à toute la confédération ? Car elle ne concerne pas que le secteur de la logistique.

Michel (UCL Vosges)

 
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