Politique

Solidarité avec les migrants : Au Puy, l’acharnement se poursuit contre Éric




La répression continue contre notre camarade Éric, qui a fait la grève de la faim pour obtenir la régularisation d’un jeune Malien, Madama.

Le mardi 7 juin 2022 à 13h45, notre camarade Éric devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, afin d’y être jugé pour un délit d’outrage sur un représentant de l’autorité publique. On lui reproche des propos tenus sous le coup de l’émotion, à un moment où il se remettait difficilement de trois semaines de grève de la faim.

Les faits remontent au 9 mars 2021, au coeur d’une mobilisation importante en faveur de Madama, jeune Malien accueilli depuis près de deux ans par Eric et sa compagne. Madama, à qui le préfet de Haute-Loire refusait depuis des mois un titre de séjour. Le jeune Malien, convoqué par la Police aux frontières (PAF) de Gerzat pour donner des précisions sur ses papiers d’identité, se retrouve soudain pris au piège, immédiatement placé en garde à vue, interrogé pendant des heures, et pour finir, interné en centre de rétention administrative (CRA). Après toute une journée d’attente devant le commissariat, après avoir subi eux aussi des heures d’interrogatoire, les deux parents de coeur ont dû encaisser brutalement la décision du préfet de lui délivrer une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et de l’expulser sans délai vers le Mali.

Cette mise en examen reflète un acharnement judiciaire contre nos deux camarades, et une volonté de faire peur aux familles solidaires qui ouvrent leur porte à l’accueil de jeunes fuyant la misère, l’insécurité et la guerre.
Un acharnement qui s’est aussi traduit par une enquête préliminaire menée par la PAF contre le couple sur une supposée affaire de faux papiers en lien avec les deux jeunes qu’ils avaient accueillis chez eux  ; en toute légalité d’ailleurs, puisque les deux jeunes Maliens leur avaient été confiés par une juge pour enfants afin qu’ils puissent veiller sur eux jusqu’à leur majorité en tant que tiers dignes de confiance. Ainsi, en septembre 2021 Eric et Véronique avaient tous deux fait l’objet d’une convocation par la PAF, d’une mise en garde à vue, d’un interrogatoire et d’une perquisition à leur domicile avec saisie du matériel informatique et de téléphone portable. Une affaire sans fondement, qui a récemment été classée sans suite  !

Depuis maintenant plus d’un an, ces deux militants subissent donc la répression de la part des autorités, pour punir ce qui ressemble fort à un « délit de solidarité », ce qui explique la mobilisation devant le tribunal suite à un appel local réunissant plus de 40 organisations syndicales, associatives et politiques reflétant un éventail très large du Secours catholique et Emmaüs, jusqu’à l’UCL et le groupe local de la FA, montrant bien l’indignation générale face à cet acharnement.

La procureure a proposé comme sanction 90 jours/amende à 10 euros par jour (c’est à dire que chaque jour non payé se transforme en jour de prison, un bel exemple de justice de classe), 500 euros de dommages au policier et surtout inscription au casier B2. C’est cette dernière qui posait problème puisque Éric, enseignant, peut être menacé sur l’avenir de son travail. Au final, le juge a retenu la culpabilité assorti d’une amende de 600 euros sans jour/amende, 500 euros pour le policier et surtout, c’était l’essentiel une dispense d’inscription sur le B2. Si c’est un soulagement, ce n’est nullement une victoire puisque l’acharnement se poursuit avec la préfecture qui s’en prend maintenant au deuxième jeune qu’ils avaient accueilli. Il y aura une avancée le jour où ces deux jeunes sortiront de cette impasse et de cette violence de l’État,et une victoire avec la régularisation et la liberté de circulation pour tous et toutes.

UCL Le Puy-en-Velay

 
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