Ecole : Un projet éducatif libéral-réac




La nouvelle majorité, avec son ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, va accentuer les attaques contre le système scolaire. Patronat et réactionnaires vont marcher main dans la main pour renforcer son rôle de reproduction des privilèges et d’adaptation des jeunes au marché. Organisons la riposte sociale et revendiquons une école égalitaire et émancipatrice.

La nomination du nouveau ministre de l’Éducation nationale est révélatrice de l’image et du projet que souhaite imposer le gouvernement dans la continuité des précédents. Le nouveau locataire de la Rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer, est en effet bien connu des travailleuses et travailleurs de l’éducation pour avoir notamment fait appliquer la politique de Sarkozy lorsqu’il était, de 2009 à 2012, directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco). La Dgesco est l’organisme qui élabore la politique éducative et pédagogique tout en assurant la mise en œuvre des programmes d’enseignement des écoles, des collèges, des lycées et des lycées professionnels.

Une concurrence accrue entre les établissements

J.-M. Blanquer est particulièrement représentatif de cette caste de technocrates qui mettent toute leur énergie à dégrader le système éducatif et le rendre plus inégalitaire qu’il ne l’est déjà. Tout au long de sa carrière, il a occupé de hautes fonctions d’administrateur au sein de l’éducation nationale. En termes de renouvellement et de représentativité civile, on aura vu mieux… En 2013, il devient directeur d’une grande école de commerce, l’Essec, considérée comme l’une des plus grandes écoles de commerce de France et d’Europe, dont le coût des trois années d’études est de 39 500 euros. On peut ainsi très facilement s’imaginer le projet d’école que souhaite porter ce nouveau ministre plein d’ambitions. Car oui, des ambitions pour l’école il en a, et pas des moindres. Parmi les mesures phares que souhaite mettre en place ce gouvernement, on peut notamment signaler l’accentuation du principe d’autonomie et de territorialisation. L’inversion de la hiérarchie des normes s’appliquerait également dans l’éducation nationale à travers l’institutionnalisation de la concurrence entre les établissements. Dans la continuité des précédentes réformes, cette autonomie des établissements va se matérialiser par un renforcement du pouvoir des chef.fes d’établissements. Bien entendu, le gouvernement ne veut pas perdre de temps et des mesures sont déjà prêtes à être mises en œuvre. Un nouvel arrêté définissant les enseignements au collège a été soumis au Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 8 juin 2017. Ce projet d’arrêté sur les enseignements au collège propose d’augmenter l’autonomie des établissements qui auront une marge de manœuvre importante pour définir les volumes horaires d’enseignements et les enseignements eux-mêmes. Cette mesure va ainsi aggraver de manière considérable les inégalités territoriales entre les établissements situés dans les zones les plus riches et les plus pauvres.

Un autre point important concerne le transfert des lycées professionnels aux Régions afin de les adapter aux «  besoins économiques territoriaux  ». En d’autres termes, il s’agit de formater l’enseignement professionnel en fonction des besoins du patronat local. On peut imaginer que cela n’est qu’une étape vers ­l’élargissement à l’ensemble de l’enseignement primaire et secondaire général.

Lire-écrire-compter

Ce projet d’école ne s’arrête pas là. Il est également teinté d’une vision réactionnaire pour l’école réduite au fondamentaux du «  lire-écrire-compter  » pour les classes populaires et d’un processus de sélection porté à son paroxysme. Le syndicat Sud éducation met en avant également l’orientation précoce des élèves, avec notamment le retour de l’apprentissage avant 16 ans, rendu possible par la loi travail du printemps 2016 et des évaluations nationales de la grande section à la 3e.

Ces relents réactionnaires autour de l’école s’inscrivent dans une période de développement des écoles privées hors contrat comme celle de la fondation Espérance banlieues qui entretient des liens étroits avec la droite et l’extrême droite. Il n’est d’ailleurs pas surprenant d’apprendre que J.-M. Blanquer soutient cette fondation depuis sa création.

Zone d’éducation prioritaire

Durant toute la période électorale, Macron a multiplié les effets d’annonces autour de son programme d’éducation. Celle qui a le plus focalisé l’attention concernait la limitation du nombre d’élèves à 12 pour les classes de CP et CE1 situées en zone d’éducation prioritaire (REP/REP+). Cet effet d’annonce ne doit pas faire oublier que, comme le souligne le syndicat Sud éducation, «  cette mesure s’inscrit dans un contexte d’austérité budgétaire accrue  ». Pour ce dernier, la baisse des effectifs par classe en CP et CE1 se fera à 85 % par des redéploiements de postes du dispositif «  Plus de maîtres que de classes  ». Ce dispositif prévoie l’affectation d’un enseignant supplémentaire au sein d’une école ou groupe scolaire dans les zones d’éducation prioritaire, mais aussi des écoles relevant de situations similaires, notamment les écoles rurales isolées. Il permet aux enseignants de se dégager du temps pour l’élaboration de projets pédagogiques. Le syndicat doute également de la réalité de la mise en œuvre de «  cette mesure et de sa pérennité compte tenu des très faibles créations de postes prévues par ce gouvernement pour l’ensemble de l’éducation nationale, soit 4 000 à 5 000 sur cinq ans  ».

Par ailleurs, cette mesure semble illusoire à côté de la destruction progressive des zones d’éducation prioritaire (ZEP) et du mépris des classes dirigeantes pour les quartiers populaires et leurs habitants et habitantes. On pense au mépris de classe auquel ceux et celles du quartier populaire de la Reynerie à Toulouse doivent faire face suite à l’annonce de la fermeture progressive de leur collège. [1]

Mobilisations et perspectives

Cela sera rendu particulièrement violent par la volonté du nouveau gouvernement de légiférer par ordonnances, méprisant ainsi les actrices et les acteurs de terrain, dans un véritable déni de démocratie. Le gouvernement espère ainsi rendre toute mobilisation caduque.

Quoi qu’il en soit, Alternative libertaire défend un projet éducatif cohérent, égalitaire et émancipateur prenant en compte les besoins réels des jeunes, de leurs familles et des travailleurs et travailleuses de l’éducation. Ce projet met l’accent avant tout sur l’épanouissement des individus, le développement de leur autonomie et de leur esprit critique.

Caesar (AL Toulouse)

 
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