Antifascisme

Mort de Thomas : Les fafs sortent les crocs




Ces dernières semaines, difficile de passer à côté de l’histoire dramatique de la mort du jeune Thomas, décédé au cours d’une altercation violente mais malheureusement récurrente. Cette surexposition médiatique, largement irriguée par l’imaginaire de l’extrême droite, a servi de signal de ralliement pour les groupes fascistes.

Depuis la mort de Thomas, des groupes fascistes s’imaginant leur heure venue, ont multiplié les appels à rassemblement dans le but clairement avoué de faire monter la pression et de provoquer, à force de « ratonnades » et d’appel à la haine, un embrasement de violences sur des bases ethniques.

Si cette volonté a été particulièrement explicite lors de l’attaque du quartier populaire de la Monnaie à Romans-sur-Isère le 25 novembre dernier, on l’a aussi retrouvé à Lyon, Paris, Rennes ou encore Laval.

Après la banalisation, l’hégémonie médiatique

Ce qui ressort du traitement médiatique de la mort de Thomas, c’est bien à quel point la lecture raciste de l’extrême-droite a pu s’imposer dans la majorité des rédactions. Poussé par la pression des médias déjà acquis comme ceux du groupe Bolloré (Cnews, Europe 1, le JDD…), le récit d’une agression gratuite commise par des « jeunes de quartiers » racisés contre des jeunes tranquilles d’un village s’est alors imposé.

Devant les micros ou dans l’Assemblée, les élus de droite et d’extrême droite, du gouvernement à Reconquête  !, ont rabâché les clichés racistes sur les « razzias » et « l’ensauvagement » sans véritable contradiction. C’est sur ce terreau que les fascistes les plus motivés se sont sentis pousser des ailes [1]

Et même après l’attaque fasciste du 25 novembre, les plateaux télé ont largement laissé les ténors de l’extrême droite « institutionnelle » défendre leurs camarades, au lieu de les rendre co-responsable de leurs actes racistes.

C’est ainsi qu’on a pu entendre le 5 décembre, sur Franceinfo, Marion Maréchal nier la réalité des violences et des meurtres de l’extrême droite, sans contradiction encore, alors que les membres de l’extrême droite ont tués une cinquantaine de personnes depuis 1986 [2].

La double tâche du mouvement social

Aujourd’hui, les révélations de l’enquête détruisent le fantasme de l’extrême droite : la mort de Thomas est bien le fruit d’une rixe entre jeunes de quartiers différents, où se mêlent les ressorts de la défiance, de l’ennui, mais aussi le racisme au cours d’une soirée de village [3].

Il ne s’agit pas de nier la violence des faits, ni celle dans laquelle baigne malheureusement beaucoup de jeunes des classes populaires, mais d’y apporter les analyses de notre camp : la ségrégation sociale, spatiale, économique généralisée dans nos vies crée la violence quotidienne.

Dans le Val d’Oise, département de grande couronne parisienne, populaire, jeune et pauvre, ce sont deux adolescents qui sont morts en une semaine, peu après Thomas, sans un bruit côté médiatique [4].

Les organisations du mouvement social, en s’impliquant dans les luttes des quartiers et en développant des liens solidaires peuvent contribuer à transformer cette violence, et à revendiquer une politique radicale de réduction des inégalités.

Et dans l’immédiat, face aux fachos qui tiennent le haut du micro, il est vital que nos organisations fassent la démonstration du refus de l’hégémonie raciste par la construction de mobilisations massives antifascistes et antiracistes à chaque occasion et aussi souvent que possible.

Hugues (UCL Fougères)

[1Voir la vidéo « Crépol : récit d’une bataille médiatique » , émission Rhinocéros, Blast, 10 décembre 2023.

[2« Ultradroite : c’est une menace dérisoire aujourd’hui, selon Marion Maréchal », France Info, 5 décembre 2023.

[3« "Allez, tu viens, on va dehors !" : nos révélations sur l’engrenage mortel du bal de Crépol », Le Parisien,

[4« Crépol : faut il nier l’insécurité ? », Frustration magazine

 
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