Dossier CPE : Le revers de la médaille du « modèle poitevin »




L’université de Poitiers a été un des foyers importants de la contestation étudiante contre la loi dite d’Égalité des chances et le CNE, et ce malgré l’absence d’organisations syndicales et politiques de jeunesse. Au point que les médias se sont enthousiasmés pour l’apolitisme affiché de ce « modèle poitevin ».

Mais de quel apolitisme parle-t-on ? Si l’expérience d’auto-organisation de Poitiers mérite qu’on s’y attarde, il y a bien un revers à la médaille. La gestion de la coordination nationale étudiante de Poitiers du 11 et 12 mars en constitue une illustration. Elle a en effet été le théâtre de procédures que jamais des syndicalistes ne se seraient permis sous peine de se voir accusés de manipulation... mais l’étiquette de « non-syndiqué(e) » semble faire bénéficier d’une sorte d’impunité pour se hisser au-dessus des règles démocratiques.

De la vérification des mandats au déroulement des votes, le bureau national de l’Unef, présent à la tribune, a œuvré sans que les étudiant(e)s poitevin(e)s organisateurs n’opposent aucune réaction. L’Unef a ainsi manipulé les débats (limitation de l’expression de délégations) et les décisions prises : censure de certaines propositions de vote par le secrétaire de la tribune, instructions données à la tribune par le bureau national de l’Unef pour la synthèse des votes, etc.

Les nombreuses protestations de délégations contre ces méthodes ont été simplement ignorées par la tribune, composée majoritairement d’étudiant(e)s poitevin(e)s non syndiqué(e)s, qui face au déni de démocratie ne comprenaient que des « querelles d’organisations. » Or loin d’être des querelles partisanes, il était question d’enjeux majeurs pour la suite de la mobilisation - élargissement des revendications mais aussi de la lutte aux jeunes non scolarisés - qui n’ont pu être tranchés.

N’en déplaise aux médias, le « modèle poitevin » a donc ses bons côtés - une forte unité dans la lutte, le côté fun et sympa - mais aussi ses grosses lacunes : un certain laisser-aller qui au final nuit à la démocratie.

Ivan (Paris-Tolbiac)

 
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