Antifacisme

Fascisation : de quoi Darmanin est-il le nom ?




Transfuge de droite, le bonhomme – toujours sous le coup d’une plainte pour viol – se distingue par des positions homophobes, islamophobes et antisémites. À ses yeux Marine Le Pen est trop molle. Enfin, en tant que ministre de l’Intérieur, il a en charge notre sécurité… ce qui n’est pas pour nous rassurer.

Mais qui est vraiment Gérald Darmanin  ? Nommé ministre de l’Action et des Comptes publics dans le premier gouvernement Philippe suite à l’élection de Macron, il devient ministre de l’Intérieur du gouvernement Castex en 2020. Jolie promotion pour un personnage très droit dans ses bottes et dont le profil sert parfaitement les intérêts politiques de Macron, faire la politique de l’extrême droite à la place de l’extrême droite.

Politiquement affaibli depuis des mois par plusieurs accusations de viol – une plainte pour viol, «  harcèlement sexuel  » et «  abus de confiance  », pour laquelle Darmanin a été placé sous le statut de témoin assisté, est toujours instruite par le Tribunal de Paris – et après avoir reconnu indirectement, alors qu’il était député, avoir sollicité des «  faveurs sexuelles  » auprès de plusieurs femmes en échange de promesse d’un coup de pouce pour l’avancement de dossiers les concernant, Darmanin n’en reste pas moins l’un des hommes forts de la Macronie.

Sa stratégie pour survivre à ces accusations qui en auraient fait chuter plus d’un  : allumer des contre-feux. Darmanin joue donc la surenchère à droite toute et des clins d’œil appuyés à l’extrême droite.

Choqué par le Halal et le casher

C’est ainsi qu’en juillet 2020 il se fendait d’une interview dans Le Figaro dans lequel il posait le constat d’un «  ensauvagement de la société  ». Reprenant mot pour mot une expression notamment employée par l’auteur d’extrême droite Laurent Obertone dont les romans tournent autour de fantasme de guerre raciale en France et de récit d’attentat d’extrême droite à la première personne. Le terme est également utilisé depuis des années par le Rassemblement national et sa figure de proue Marine Le Pen ou encore récemment l’eurodéputé Jordan Bardella.

Face à la brutalité de ce système qui attaque jour après jour les conquêtes sociales durement gagnées, qui blesse, mutile celles et ceux qui osent encore braver cet ordre social toujours plus injuste et violent, le programme de Darmanin est clair  : toujours plus de répression. Et pour faire diversion s’inventer des ennemis de l’intérieur  : les musulmans.

Darmanin est un spécialiste du grand écart : son opportunisme le pousse même à défiler aux côtés des flics qui manifestaient contre lui le 19 mai, réclamant une justice toujours plus soumise à l’appareil policier.

Le 11 février dernier, face à Marine Le Pen, Gérald Darmanin tentait de doubler la présidente du RN sur la droite. C’était à qui se montrerait le plus ferme dans sa lutte contre l’islam et l’islamisme. La présidente du RN étant même accusée de «  mollesse  » sur la question. Ce coup d’éclat permettait de braquer les projecteur sur une autre facette du personnage, son islamophobie. Ses positions sur l’islam et contre les «  islamogauchistes  » ne le distinguent guère d’un identitaire quelconque  : Darmanin se déclare choqué de trouver des rayons hallal et casher dans les supermarchés et pour l’interdiction des minarets.

Il a d’ailleurs consacré un livre sur le sujet «  Le séparatisme islamiste  » dans lequel il salue également les mesures prises par Napoléon Ier contre les Juifs, citant comme exemple à suivre pour les musulmans les propos et actes de l’empereur  : «  Notre but est de concilier la croyance des Juifs avec les devoirs des Français et de les rendre citoyens utiles, étant résolu de porter remède au mal auquel beaucoup d’entre eux se livrent au détriment de nos sujets. ». Tout un programme  !

Avant de se rallier à Macron en 2017, Darmanin a eu un parcours très marqué à droite. Il fut le directeur de campagne du très droitier Christian Vanneste (auquel il succédera en tant que député du Nord), militant actif pour la reconnaissance du «  rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord  » et contre le mariage pour toutes et tous qu’il qualifie d’«  aberration anthropologique  ».

Ce dernier sera exclu de l’UMP après des propos négationnistes au sujet de la déportation des personnes homosexuelles qu’il qualifie de «  légende  ». Darmanin n’étant pas en reste sur la question homophobe puisqu’il défile en 2012 avec la Manif pour tous et qu’il affiche son opposition, en tant que maire, à célébrer personnellement les mariages de personnes de même sexe.

Le royalisme comme école

Enfin, Darmanin est un ancien sympathisant de l’Action française, le mouvement d’extrême droite royaliste. Il a même écrit plusieurs articles dans leur journal Politique magazine. Les militants de l’Action française s’étant rappelé via Twitter au bon souvenir du ministre lors d’un de ses passages sur CNews.

Côté finances, il déclare cumuler ses indemnités de maire, de vice-président puis de conseiller régional des Hauts-de-France, de vice-président de la MEL (Métropole Européenne de Lille dont il prend la présidence en juin 2020) et, depuis mai 2017, de ministre, mais également de 28 sièges au sein d’organismes publics ou privés ou de sociétés en tant que représentant d’une collectivité locale. Un vrai stakhanoviste  !

Économiquement libéral, socialement réactionnaire, homophobe et raciste, Gérald Darmanin est un pur produit de la classe politique. Engagé dans la défense des intérêts du capitalisme il poursuit une stratégie mortifère  : doubler le RN par la droite.

Par ses déclarations il contribue à attiser le racisme afin de désigner un ennemi de l’intérieur – les personnes homosexuelles, les «  islamogauchistes  », les islamistes, etc. – et ceci lui permet en outre de masquer les problèmes sociaux causés par le néolibéralisme dont son gouvernement est un des fers de lance.

Benjamin (UCL Orléans)


LES MEURTRIERS DE CLÉMENT CONDAMNÉS EN APPEL

Vendredi 4 juin, la cour d’assises d’Evry a condamné en appel les deux anciens skinheads néonazis pour la mort de notre camarade Clément Méric à huit et cinq ans d’emprisonnement.

Ce procès et son verdict opposent un démenti sans nuance à la thèse des soutiens des assassins, parmi lesquels leur ex-mentor, Serge Ayoub, alias Batskin (ancien leader charismatique des skinheads néonazis parisiens), et largement relayées dans les médias d’extrême droite et au-delà : il ne s’agissait pas d’une simple rixe entre deux bandes rivales qui aurait mal tourné. Les assassins ont agi consciemment et par haine politique.

Cette agression est caractéristique de la véritable nature de l’extrême droite et du fond de son projet politique : instaurer par la violence un ordre raciste, patriarcal et autoritaire.

L’extrême droite se nourrit des inégalités sociales de ce système capitaliste pour prospérer. Combattre l’une nécessite de combattre l’autre. Face à l’extrême droite notre réponse doit être ferme, unitaire et sans compromission.

Nous nous félicitons du succès de la manifestation parisienne du 5 juin et appelons à amplifier les mobilisations et initiatives unitaires contre l’État, le capital et leurs alliés d’extrême droite.

Antifascistes, partout, tout le temps.


 
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