Antipatriarcat

Nice : les femmes cassent les frontières




Depuis les rencontres féministes européennes de 2019, le collectif Toutes aux frontières revendique la liberté de circulation. Le premier rassemblement a eu lieu le 5 juin à Nice et a réuni plusieurs milliers de manifestant·es.

C’est sous un soleil de plomb, à deux pas de la Méditerranée et à quelques dizaines de kilomètres de la frontière franco-italienne que s’est déroulée le samedi 5 juin l’action féministe transnationale Toutes Aux Frontières. Plusieurs milliers de manifestant·es ont donc défilé sur la Promenade des Anglais avec comme mots d’ordres la contestation des politiques migratoires européennes et la dénonciation des violences faites aux migrant·es, en particulier aux femmes et aux minorités de genre et de sexualité.

L’organisation de la manifestation – en mixité choisie sans hommes cisgenres – , impulsée à l’issue des rencontres féministes européennes qui se sont déroulées du 27 au 29 septembre 2019 à Genève, a par la suite été ralliée par de nombreux groupes locaux. La ville de Nice, de part sa taille et sa proximité avec la frontière, a ensuite été choisie pour accueillir l’évènement.

L’extrême droite contrariée

Ce sont donc des féministes, militant·es, migrant·es et solidaires qui ont défilé ce 5 juin à Nice, cerf-volants à la main, dans une ambiance tantôt festive, tantôt revendicative. Des prises de parole puissantes, traduites en plusieurs langues, aux multitudes de slogans, chœurs et batucadas, le cortège était puissant et diversifié.

Mais si la manifestation était une réussite elle n’a pour le moins pas évité une opposition appuyée de la part de la police ainsi que de l’extrême droite. Avant le départ place Masséna, un petit groupe d’identitaires a tenté d’approcher le cortège en brandissant des pancartes racistes et xénophobes. Il a très rapidement été dispersé par les manifestant·es et arrêté par les forces de police.

Plus tard dans l’après-midi, alors que la manifestation atteignait son but, un autre groupe d’identitaires a tenté d’intimider le cortège et c’est encore une fois à l’initiative des manifestant·es qu’ils ont été poursuivis jusqu’à leur fuite, déclenchant au retour des poursuivant·es un «  siamo tutti antifasciti  » et des acclamations générales.

La solidarité des manifestant·es s’est aussi avérée solide au milieu du parcours, lorsque la nouvelle d’une arrestation de camarades en aval du cortège s’est propagée. En effet, une grande partie des manifestant·es n’a pas hésité à redescendre la promenade pour venir soutenir leurs camarades près des camions de police, malgré les coups et le gaz.

Si l’évènement était une réussite on peut tout de même se questionner sur la pertinence de la mention «  nous féministes de toutes classes sociales  » présentée sur l’appel national. Cet aspect transclassiste qui relève peut-être d’une naïveté politique, traduit un certain manque de prise en compte de l’intersectionnalité des oppressions.

La lutte contre les politiques répressives migratoires ne peut se faire sans une critique de l’oppression systémique qu’exercent les classes dominantes sur les migrant·es et solidaires issu·es de classes populaires. On espère donc pour la deuxième phase de Toutes Aux Frontières prévue pour l’automne 2021, un positionnement national plus radical et intersectionnel.

Sarah (UCL Grenoble)

 
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