Avortement : Vers un front international réactionnaire




L’avortement est un thème sur lequel les catholiques intégristes n’ont jamais désarmé. L’avancée réactionnaire ne se limite pas à la France mais est effective dans plusieurs pays européens.

Cette année risque d’être aussi mémorable pour eux que 1975 pour les luttes féministes françaises. En effet, la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire, vient de défendre l’une de leurs revendications les plus chères. En janvier dernier, elle a rendu trois arrêts demandant que soient établit des actes « d’enfant sans vie ». Même si ce statut date d’une loi du 8 janvier 1993 [1], il est difficile de ne pas y voir une certaine volonté de la Cour de cassation de reconnaître la personnalité juridique des fœtus. In fine ceci pourrait amener à considérer l’IVG comme un homicide.

SOS Tout Petits veut grandir

D’où les cris de victoire d’associations proches de SOS Tout petits qui y voient une faille juridique dans laquelle s’engouffrer. Ils entament déjà des batailles politiques afin de renforcer cette nouvelle jurisprudence, tant sur le terrain que du côté des institutions.

Si la revendication sur l’abrogation de la loi sur l’IVG semble dépassée et les associations-phares de cette lutte réactionnaire paraissent assez folkloriques, leurs appuis et leurs relais institutionnels, en revanche, font beaucoup moins rire. La nomination de Boutin au gouvernement change considérablement le rapport de force. Cette réactionnaire est une de leurs plus ferventes supportrices. Elle est aussi le relais officiel de la politique familiale du Vatican.

Parallèlement, le 16 février dernier, l’assemblée des évêques de France est sortie de sa « neutralité » concernant la politique laïque pour demander officiellement à remettre en débat la légalisation sur l’avortement, tout cela seulement une semaine après la célébration mondiale du 20e anniversaire de la lettre apostolique de Jean-Paul II sur la dignité des femmes. À cette occasion, le Vatican avait invité les franges les plus réactionnaires de l’Église sur la place des femmes dans l’institution religieuse et dans la société (les intervenants étaient essentiellement masculins).

Des attaques au niveau européen et national

Cette rencontre internationale des catholiques intégristes peut paraître anodine. Il n’empêche que les positions arrêtées lors du week-end du 9 février ne tarderont pas à être relayées au sein de l’Union Européenne par des Etats membres comme la Pologne, la Lituanie, Malte… et par la conseillère chargée des droits civiques et sociaux auprès du commissaire européen chargé de la justice. Ce qui commence à constituer un certain poids.

Pour finir, nous ne sommes pas au bout de nos (mauvaises) surprises sur le plan national. Sarkozy a évoqué l’idée de réformer la loi de décembre 1905 sur la laïcité. Vu le peu d’engouement suscité, il a revu ses réformes à la baisse et veut se contenter d’un « toilettage ». Ce dernier assouplirait la restriction des financements par les Eglises des associations cultuelles qui n’ont pas de but caritatif, comme, par exemple, SOS Tout Petits… ce qui renforcerait substantiellement ces anti-féministes primaires.


Sophie (AL Nantes)

[11. Blog « Journal d’un avocat » ; www.maitre-eolas.fr ; Entré « La cour de cassation et l’enfant né sans vie » du 15 février 2008

 
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