Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que l’exploitation ?




Chaque mois, Jacques Dubart nous présente un mot ou une expression

La « condition essentielle pour que l’homme aux écus trouve à acheter la force de travail, c’est que le possesseur de cette dernière, au lieu de pouvoir vendre des marchandises dans lesquelles son travail s’est réalisé, soit forcé d’offrir et de mettre en vente, comme une marchandise, sa force de travail elle-même » (Karl Marx, Le Capital - Livre I).

Dans la conception marxiste classique l’exploitation se traduit par l’appropriation par l’employeur de la plus-value. La plus-value se mesure en faisant la différence entre la valeur du travail réalisé et la valeur de la force de travail payée au salarié.

Mais cette équivalence affirmée entre la plus-value et l’exploitation ne doit pas nous amener à réduire l’exploitation à la spoliation d’une somme d’argent. Cela masquerait la subordination, la pénibilité, la répétitivité des tâches, les horaires, la ségrégation de l’habitat, c’est-à-dire tout ce qui fait la condition ouvrière, qui se situe en amont et en aval de l’extorsion de la plus-value, qui en est la cause et la conséquence, et constitue l’essentiel de l’exploitation.

L’exploitation peut également être liée au statut des personnes, comme le prix inférieur payé depuis le Moyen Âge pour le travail des femmes et des enfants ; comme les rapports de domination ethnique ; comme l’exploitation qui s’organise au sein de la famille, face au travail « invisible » de la femme, des enfants, des frères et sœurs cadets… Bref, la majorité de l’humanité est exploitée selon des modalités qui ne sont pas réductibles au seul rapport patron/salarié. Le marxisme a eu la prétention de quantifier « scientifiquement » l’exploitation au travers de la mesure de la plus-value. La diversité des formes et des modalités de l’exploitation rend cette quête irréaliste.

Dans le Capital, Marx dit avec justesse que la propriété privée se présente comme un rapport aux choses, alors qu’elle est un rapport aux autres et plus précisément au travail des autres. Les fruits du travail appliqué à un bien appartiennent au propriétaire de ce bien, et non aux personnes qui travaillent sur celui-ci.

Cette règle ne procède pas d’une loi naturelle, mais d’un rapport de forces, d’un rapport de domination organisé socialement, qu’il soit un rapport de production capitaliste, féodal ou esclavagiste ou un système d’exploitation patriarcale.

 
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