Casse des retraites et réactions syndicales : Il faut se préparer au lieu de commenter !




La contre-réforme des retraites, prévue au printemps, est prévue depuis 2003. Pourtant, peu d’organisations syndicales en ont profité pour diffuser un argumentaire de fond, posant la question de la répartition des richesses. Les militantes et militants syndicaux doivent aujourd’hui construire la mobilisation contre cette nouvelle attaque d’un des acquis sociaux les plus fondamentaux.

Rarement contre réforme aura été annoncée aussi longtemps à l’avance. Comme le rappelle la CFDT, qui se dit « prête pour le rendez-vous de 2008 », « l’allongement progressif de la durée de cotisations d’ici 2020 est inscrit dans la loi de 2003 ». Et la CFDT, appui du gouvernement lorsqu’il s’est agi de faire passer cette loi, sait de quoi elle parle !

Après la défaite de 2003 pour la fonction publique, le mouvement syndical avait donc 5 ans pour préparer cette nouvelle attaque. Comment l’a-t-il fait ? Pour l’essentiel en activant des réseaux « d’experts » … sans lien direct avec les travailleuses et travailleurs ! Bien peu en ont profité pour faire de la formation syndicale à grande échelle sur le fond du problème : la répartition des richesses produites collectivement.

On sait comment, au nom de l’équité, les salarié-e-s des régimes spéciaux ont été abandonné-e-s par la plupart des organisations syndicales en novembre 2007. Or, les assemblées générales (AG) de grévistes d’octobre et novembre 2007 réclamaient le maintien des 37,5 annuités pour une retraite à taux plein, l’absence de décote et l’indexation des retraites sur les salaires, et pas seulement pour elles et eux : les grévistes étaient très conscient-e-s de l’impact interprofessionnel, en refusant le double statut pénalisant les futur-e-s embauché-e-s, et en demandant le retour aux 37,5 annuités pour le secteur privé et la fonction publique.

Nivelée par le bas, la situation d’aujourd’hui est à peu près la même pour tous les salarié-e-s. Paradoxalement, cela pourrait être une opportunité d’action unifiée et plus forte, d’autant que dans le privé les effets de la contre-réforme Balladur se font désormais sentir à plein.

Privé et public, désormais à la même enseigne

Mais ce n’est pas si simple : la défaite sur les régimes spéciaux ne crée pas les meilleures conditions pour redonner confiance. Et la plupart des organisations syndicales n’ont nullement comme perspective un mouvement d’ampleur unifiant l’ensemble des salarié-e-s.

En cette année d’élection prud’homale, on peut cependant penser que la CFDT ne prendra pas le risque d’un soutien affiché au projet gouvernemental, au contraire de 1995 ou 2003. On peut aussi prendre le pari qu’elle ne fera rien pour s’y opposer réellement. CGC, UNSA et CFTC sont bien occupées à sauver leur rente de situation (appelée « représentativité » dans le langage du milieu). Pour des raisons différentes, FSU et CNT n’organiseront pas un vaste mouvement de masse interprofessionnel. La succession de Lambert au PT semble occuper quelque peu une partie de FO. Restent CGT et Solidaires, avec les enseignements qu’on peut tirer du dernier trimestre 2007.

Prenons notre mobilisation en main !

L’affrontement classe contre classe, s’il est le quotidien du couple Medef/gouvernement, parait être une quasi-obscénité pour la majeure partie du mouvement syndical. Alors, on fait semblant de discuter les chiffres sur la base d’un constat qui se veut partagé : « le régime de retraite est menacé ». Un peu d’analyse matérialiste suffit pourtant pour voir que la seule menace qui pèse, c’est l’attaque que mène le patronat pour revenir sur l’un des acquis sociaux fondamentaux de la classe ouvrière.

Une fois ce constat fait, pas besoin de longues réunions : il faut construire un mouvement interprofessionnel, reconductible en AG, coordonné nationalement par les organisations syndicales et les représentant-e-s des AG.

La tâche est rude, pour peu qu’on veuille s’y atteler et ne pas se contenter de réclamer que cela arrive. Que nous soyons à la CGT, Solidaires, la CNT ou FO, faisons le travail pour que chaque syndicat agisse dans ce sens. Dans nos organisations nationales bien sûr, mais cela suppose aussi de commencer là où nous travaillons, dans nos entreprises et localités. Militantes et militants révolutionnaires, notre rôle ne peut se limiter à affirmer que « la CGT trahit », que « Solidaires n’est pas en capacité de… ». Échangeons les informations sur les initiatives des unions locales CGT, des Solidaires locaux, de nos syndicats et fédérations. Construisons les réseaux professionnels et interprofessionnels qui poussent les structures nationales… Bref, mettons en pratique nos (justes) théories sur l’auto organisation, agissons, inventons, vivons !

Mouldi C. (AL Transcom)

 
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