Edito : sur le fil




L’action politique – politicienne, entendons-nous bien – relève parfois du funambulisme et exige un art certain. La période actuelle donne à voir le spectacle d’une équipe d’équilibristes, suspendus au-dessus du vide et balançant entre l’assèchement de la vie sociale et son embrasement.

L’action politique – politicienne, entendons-nous bien – relève parfois du funambulisme et exige un art certain. La période actuelle donne à voir le spectacle d’une équipe d’équilibristes, suspendus au-dessus du vide et balançant entre l’assèchement de la vie sociale et son embrasement.

D’un côté, le choix est fait d’une gestion intransigeante de la crise sanitaire soumise à l’impératif de maintien du profit : le travail est maintenu pour éviter toute crise de solvabilité des ménages, certes, mais le droit est rogné pour faciliter les licenciements, quitte à précipiter une crise sociale qui dans l’année à venir risque d’être explosive.

Face à cela, pour réduire l’incidence de la maladie, les représentants de la bourgeoisie ne se résignent pas à abandonner des décennies d’épuisement néolibéral du système hospitalier, mais décident plutôt d’assécher la convivialité et la culture à coup de couvre-feu et fermetures des bars.

Cette stratégie se voit contrebalancée par un numéro rebattu : celui de l’ennemi intérieur, désormais musulman « séparatiste », substituant ainsi à une guerre incertaine contre le virus l’union sacrée contre l’islam. Et malheureusement, il s’est trouvé un barbare pour répondre, par l’abjection et la terreur, aux va-t-en-guerre politiques et médiatiques.

La corde tendue semble sur le point de se rompre tant les manœuvres du funambule sont audacieuses, et l’on tremble en apercevant l’abîme dans lequel il prend le risque de tous et toutes nous jeter à sa suite.

UCL, 25 octobre 2020

 
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