Syndicalisme

RATP : face aux calomnies, le choix de la pédagogie




Comment « bien réagir », lorsque des syndicalistes sont diffamés à l’aide de stéréotypes négrophobes et antisémites  ? Dans le cadre d’une triste affaire, Solidaires-RATP a renoncé à une plainte en justice, et a préféré une argumentation accessible à toutes et à tous.

Dans Alternative libertaire de juillet-août, on a vu comment la caisse de solidarité «  unifiée  » CGT-Solidaires a aidé a posteriori, les grévistes de la RATP. Elle a hélas également fourni à certains l’occasion de se payer une tranche d’antisyndicalisme primaire, et pire encore. Ainsi, début mai, des militants de SUD-RATP (qui, malgré son nom, n’a rien à voir avec Solidaires) et de La Base (un pseudo-syndicat) ont accusé Solidaires et la CGT d’avoir détourné l’argent de la caisse.

Un premier message diffusé via WhatsApp et Facebook, à des dizaines d’agentes et d’agents, suggérait que la CGT-RATP aurait dépensé la moitié de l’argent pour effectuer des travaux dans le château qu’elle possède à Fontenay-les-Briis, et Solidaires-RATP l’autre moitié pour une soirée-karting avec «  Solidaires national  »…

Quelques jours plus tard, c’était une photo de deux responsables de la CGT et de Solidaires, barrée de la mention «  700 000/2 =  ???  », sous-entendant que l’argent aurait été détourné par ces deux militants…

Mais ce n’était que le début. Une première vidéo a ensuite circulé. Elle fait apparaître un individu noir, arborant de lourds colliers dorés. Le doublage, réalisé par l’un des dirigeants de La Base, fait dire au personnage  : «  Ouais ben mec, tu vois, la caisse de grève de 700 000 euros CGT-Solidaires, je l’ai transformée en or et je la porte autour du cou maintenant, tu vois... Hahaha  !  » Le tout avec un accent censé être «  africain  » digne des pires sketches de Michel Leeb.

«  Ta gueule, t’auras rien du tout  !  »

Le lendemain, rebelote. Dans une nouvelle vidéo, c’est un personnage du film La Vérité si je mens. Le doublage, avec un accent supposément séfarade, lui faire dire  : «  CGT-Solidaires, on a 700 000 euros, mon ami...  » Un autre, qui lui demande  : «  Et, c’est quand qu’on... » se ramasse une gifle et un «  Ta gueule, t’auras rien du tout  !  » Voilà donc deux clichés, l’un négrophobe, l’autre antisémite, véhiculés, de façon concertée, par les dirigeants de SUD-RATP et de La Base  : le Noir voleur et bling-bling  ; le Juif voleur et cupide.

La CGT a choisi d’ignorer ces bassesses pour ne pas leur faire de publicité. Solidaires les a dénoncées dans un communiqué et a songé à déposer plainte. Mais, finalement, les adhérentes et adhérents ont voté pour la réalisation d’une «  vidéo-bilan  » de la caisse de grève, dans laquelle seraient décryptés ces contenus racistes. La vidéo sera diffusée à l’issue de la seconde distribution de chèques, c’est-à-dire très prochainement. C’est donc le choix de la pédagogie plutôt que du recours à la justice bourgeoise, qui aurait mis publiquement face à face des militantes et militants de la RATP. Une position d’autant plus délicate qu’aucun syndicat de la RATP n’a publiquement soutenu Solidaires...

Cette histoire en dit long sur le racisme ordinaire qui pollue la classe ouvrière, et sur le travail de déconstruction que les syndicats ont à mener.

Alexis (UCL Saint-Denis)

 
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