Politique

Gênes 2001 : 20 ans après, Vincenzo Vecchi toujours poursuivi




Plus d’un an après son arrestation en Bretagne en août 2019, le sort du militant anticapitaliste italien reste incertain.

Condamné à plus de douze ans de prison en Italie, et toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt européen (MAE), Vincenzo Vecchi est victime de la très forte répression qui a touché les personnes ayant participé aux manifestations contre le G8 de Gênes en 2001.

Dans un article d’Alternative libertaire de décembre 2019, nous écrivions qu’une première victoire avait été remportée suite à la décision rendue par la cour d’appel de Rennes, Vincenzo ayant été libéré après plusieurs mois d’emprisonnement et les MAE émis à son encontre ayant été jugés irrecevables. Victoire à laquelle avait grandement contribué la mobilisation en soutien à Vincenzo, mais victoire qui fut malheureusement de courte durée.

En effet, le ministère public s’est pourvu en cassation quelques jours plus tard, et la Cour de cassation a cassé le jugement de la cour d’appel de Rennes, renvoyant par la même occasion l’affaire au tribunal d’Angers pour une nouvelle audience. Fin décembre, dès que la nouvelle fut arrivée à Angers, quelques militantes et militants de l’UCL Angers, vite rejoint par bien d’autres militants de la ville, ont créé un Comité angevin de soutien à Vincenzo, qui s’est tout de suite mis en lien avec le très actif Comité de soutien de Rochefort-en-Terre (où vit Vincenzo depuis plus de huit ans) pour préparer ensemble la mobilisation.

DÉLOCALISATION DE L’AFFAIRE À ANGERS

Affichage tous azimuts dans la ville, une action devant le tribunal et une manifestation conjointe avec les gilets jaunes contre la répression, une première soirée de soutien qui a fait le plein, puis une première date d’audience annoncée en mars mais reportée pour raisons sanitaires. Donc reprise de l’activité en septembre, nouvelles soirées de soutien au squat de la Grande-Ourse et à l’Étincelle, et une nouvelle date d’audience, cette fois-ci la bonne, le 2 octobre.

Signe plutôt positif, des mesures ont été prises pour permettre à 50 soutiens d’assister à l’audience. Pendant que près de 200 autres soutiens d’Angers et de Rochefort-en-Terre étaient présents devant le tribunal, l’audience s’est plutôt bien déroulée : un rapport du président de la Cour très correct, l’avocat général faisant quelques grossières erreurs, et les avocats et avocates de Vincenzo pointant les multiples failles dans la procédure du MAE qui court toujours contre celui-ci.

Une prise de parole de Vincenzo lui a permis de rappeler les conditions de détention dans les prisons italiennes, les décès causés par l’absence de mesures prises face à l’épidémie de Covid-19 et les mouvements de révolte de détenues. Le délibéré est rendu le 4 novembre.

L’extradition de Vincenzo serait un message répressif fort. De plus, son cas soulève toujours différentes questions. D’abord, il y a le chef d’inculpation «  dévastation et pillage  », hérité du régime fasciste de Mussolini, qui permet encore aujourd’hui d’emprisonner des militantes et militants italiens sans preuve matérielle. Ensuite il y a le MAE, véritable arme de répression, qui réduit drastiquement toute possibilité de protection des victimes de répression politique. Le tout dans un contexte européen où les lois liberticides gagnent du terrain, à l’image de la récente loi anticasseurs en France. On y reviendra certainement.

En attendant, à Angers, dans le Comité angevin de soutien à Vincenzo, on a envie de continuer à se mobiliser sur ces questions et on commence à parler de créer un comité antirépression qui n’existe pas encore sur la ville.

Guillaume (UCL Angers)

Logo : c. Photothèque Rouge/JMB.

 
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