International

Europe : une « longue marche » kurde pour la libération d’Öcalan




Du 5 au 11 février des militantes et militants ont marché de Francfort à Strasbourg pour exiger la libération d’Abdullah Öcalan et en soutien aux luttes du peuple kurde.

Enlevé par la police secrète turque le 15 février 1999, Abdullah Öcalan, dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est à l’isolement total sur l’île d’Imrali.

Malgré une détention implacable de 23 ans, son « nouveau paradigme », le confédéralisme démocratique, a galvanisé les combattantes et combattants kurdes luttant contre l’État turc, puis Daech, et inspirer pratiques et idées au-delà du Kurdistan. Car c’est bien à cet appel, avec un même enthousiasme que près de 150 militants et militantes d’Europe et d’Amérique se sont retrouvées le 5 février dans un tiers-lieu antifasciste de Francfort, pour se préparer aux 220 km de marche à travers l’Allemagne.

Vidal Cuervo/UCL Aix-en-Provence

Une vingtaine de Basques, Catalanes, Valencianaises, des Suisses, des Latino-Américaines faisant flotter le drapeau des nations indigènes, deux zapatistes mexicains, une jeune organisation anarchiste étasunienne, Allemandes, Danoises, quelques Françaises. On verra même se déployer le drapeau amazigh et celui de l’UCL.

Vidal Cuervo/UCL Aix-en-Provence

Le gouvernement allemand avait déjà fait la preuve de sa veulerie en juin dernier en empêchant une délégation de 28 personnes de quitter son territoire pour une mission d’observation des crimes de guerre turcs en Irak. Aujourd’hui il interdit qu’on affiche le portrait d’Öcalan ou qu’on prononce son nom dans les slogans  ! Le sultan Erdogan règne aussi en Allemagne.

Qu’à cela ne tienne, on dira « Apo » en lieu « d’Öcalan » et l’oreille policière est sourde aux chants kurdes. Les tracasseries policières parsèmeront tout de même notre périple. Pendant cinq jours, entre pluie battante et éclaircies bienvenues, l’administration allemande soufflera le chaud et le froid, au gré des juridictions des Länder traversés. La flicaille du Bad Würtemberg, profitant que nous passons à l’écart des villes et à l’abri des regards, arrêtera trois de nos camarades sous un prétexte aussi mince qu’arbitraire, menaçant également de mettre fin à la marche.

Portrait et nom barrés de l’espace public allemand

Mais nous sommes solidaires déjà d’avoir battu le pavé ensemble, d’être organisés en komin [1] à la manière des YPG-YPJ, de chanter et nous soutenir depuis trois jours. Et tandis qu’encadrement et avocats démontrent l’illégalité de leurs mesures vexatoires, nous dansons sous la pluie, faisons assaut de chants révolutionnaires, sous l’œil dégoûté de la Polizei... qui nous laisse enfin repartir.

Nous parcourons une vingtaine de kilomètre par jour au son de « Jin, jiyan, azadi » (femmes, vie, liberté) et de slogans dans plusieurs langues. Et les haltes du soir répartissent les 150 personnes parmi des familles kurdes, différentes à chaque étape, généreuses à chaque étape, nous remerciant nous, internationalistes de soutenir la révolution kurde. Parmi elles, des ancien-nes des guerrillas, des prisons turques, torturées, ou simplement des immigrées soutenants indéfectiblement la cause.

Vidal Cuervo/UCL Aix-en-Provence

Arrivée à Strasbourg, siège du Parlement européen, la longue marche de 2022, s’est trouvée renforcée de quelque 6 000 Kurdes, militantes et sympathisantes venus d’Allemagne, Suisse, France et Belgique. Malgré les lâchetés de l’Etat allemand, les provocations de fascistes turcs et le harcèlement policier, nous avons pu dire le scandale de l’incarcération d’Öcalan et exiger le retrait par l’Union européenne du PKK de la liste des organisations terroristes.

Cuervo (UCL Aix-en-Provence)

[1Plus petite unité d’organisation révolutionnaire, autogérée.

 
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