Politique

Tribune : pour un communisme libertaire du XXIe siècle




Dans une lettre rendue publique en décembre, 33 militantes et militants issues de l’UCL ont fait connaître, de façon se voulant tonitruante, leur démission de l’UCL, évoquant des désaccords politiques et arguant de pratiques politiques qu’ils et elles réprouvaient. La lettre annonçait leur décision de créer une nouvelle structure, la Plateforme communiste libertaire.

Les démissionnaires avancent deux raisons à leur rupture  :

  • la mise en cause de pratiques qui mêleraient « dogmatisme » et « sectarisme » ;
  • une « rupture de l’UCL » avec « toute perspective révolutionnaire ». Ainsi « la lutte de classes [serait] systématiquement opposée à l’“intersectionnalité” ». La sincérité de notre implication dans les luttes sociales est mise en cause  ; notre élaboration politique serait des plus indigentes.

Face aux questions que cette initiative peut susciter, nous jugeons utile de faire connaître le point de vue de celles et ceux qui ont fait un autre choix, celui de construire un projet d’émancipation communiste libertaire et l’organisation qui nous semble la plus à même de le porter, à savoir l’Union communiste libertaire.

S’il y a un point d’analyse que nous partageons avec les démissionnaires, c’est que ce sont bien des désaccords politiques qui ont mené à cette rupture. Ces désaccords politiques ont pu être aggravés par des propos clivants, mais les démissionnaires ne disent rien des pratiques de modération des débats et de médiation biens réels au sein de l’UCL.

Contrairement au procès d’intention qui nous est fait, l’UCL n’entend nullement diluer la lutte des classes. Cette dernière est centrale dans notre vision du monde comme dans notre pratique. Nous construisons précisément une stratégie permettant de faire converger les mouvements actuellement les plus à l’offensive (féminisme, climat, antiracisme, minorités de genre) avec le syndicalisme de classe qui doit se redonner les moyens de renouer avec une dimension de masse. C’est justement une vision plus inclusive de la lutte des classes.

À l’UCL tout le monde a bien conscience qu’il est impossible de se débarrasser du patriarcat, du racisme et du productivisme dans une société de classe. En revanche, il serait possible de construire un socialisme qui ne se serait pas affranchi du patriarcat, du productivisme et du racisme. Ce serait alors une société toxique et nous n’en voulons pas.

C’est sur ces bases que nous œuvrons pour reconstruire des organisations de classe et de masse. C’est ce qui fait que dans notre militantisme politique et syndicaliste révolutionnaire, cette conception d’un combat contre toutes les oppressions est intégrée. C’est ce qui fait aussi que nous nous efforçons d’articuler les luttes spécifiquement antipatriarcales, antiracistes et écologistes avec celles que nous menons dans les entreprises, la jeunesse et les quartiers.

C’est du reste pour cela que tout au long de l’année des camarades d’horizons, d’expériences et de générations différents nous rejoignent. Leurs apports et leurs questionnements comme ceux des générations militantes qui les ont précédées, nourrissent des débats féconds sur le projet d’émancipation. Et c’est ainsi que nous construirons le communisme libertaire du XXIe siècle.

Sarah (Bordeaux), Laurent (Aveyron), Louise (Saint-Denis), Gil (Montpellier), Camille (Paris nord-est), Benjamin (Aix), Biquet (Toulouse), Christine (UCL Sarthe)

  • Précisons qu’au moment de leur démission, seul un peu plus du quart des signataires militaient encore à l’UCL, les autres ayant quitté l’UCL depuis plusieurs mois quand ce n’est pas plus.
 
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