Culture

Lire : Louise Michel, « Au bagne de Nouvelle-Calédonie »




Contre l’oubli, la photographe et autrice Marinette Delanné nous invite à la suivre par les mots et les images sur les traces des condamnées au bagne calédonien.

Les tragiques trajectoires des Communardes et Communards, des Arabes, des Kanaks... de tous ces méconnus de notre Histoire sociale, racontées par l’autrice et photographe Marinette Delanné.

Nous venons de rendre hommage aux communards et communardes lors des 150 ans de la Commune de Paris. N’oublions pas : la semaine sanglante, les emprisonnements, les humiliations, les mauvais traitements qui furent infligés au Peuple de Paris. L’Histoire, que dis-je, les Histoires que narre l’autrice de cet ouvrage est la suite logique et effroyable d’un plan préconçu de liquidation du Paris populaire, de ces 450 000 ouvriers et artisans, soit 70% de la population. Paris fait peur. La déportation massive, le massacre systématique, la diabolisation de ces gens, appartiennent à cette Histoire occultée.

Marinette Delanné débute son récit par un panorama des geôles de la métropole de Satory, de Toulon, de fort Boyard et suivent les horreurs de la transportation. De nombreuses photographies des lieux et des repères cartographiques accompagnent son propos.

conclure la paix et soumettre Paris

Elle croise les regards sur les Kanaks, regards métropolitains, mais aussi celui de Louise Michel et Charles Malato. Elle s’attarde sur le sort de ces femmes déportées et de ces enfants qui durent parfois accompagner leurs parents. Elle met des images sur des lieux méconnus comme l’île de Nou, sur Nouméa, le bagne de Prony, le fort Teremba, la terrible presqu’île de Ducos et l’île des pins pour la déportation simple. L’ensemble est plein de tendresse, de respect et d’affection pour tous ces humiliés, ces maltraités.
On ne peut que se réjouir de la parution de cet ouvrage qui permet un aperçu assez complet des conditions de détentions, de la dureté de la vie en ces endroits alors inhospitaliers. C’est aussi un beau plaidoyer pour que soit reconnu ce crime de l’État français à l’encontre des communards et communardes, mais aussi des Kanaks ou des Arabes qui furent déportés là-bas.
Après le temps de la honte, le temps de l’oubli que vienne le temps de la mémoire. « Reconnaissance des erreurs de la colonisation, reconnaissance de la priorité des Kanaks en Nouvelle-Calédonie,... reconnaissance des autres victimes de l’histoire qui ont été ces habitants forcés de l’Île, les bagnards et leurs descendants ».

« Puisse cette expédition photographique sur place, qui s’adresse au public français plus ou moins ignorant, comme je l’étais il y a peu encore, de biens des aspects de ce drame historique, apporter quelques lumières », telle était un de tes souhaits, Marinette. Tu as grandement réussi ton pari.

Bref, un livre à conseiller à qui souhaite se documenter sur ces temps désastreux qui font honte à nos humanités... et ne pas se limiter à la seule personne de Louise Michel.

Dominique Sureau (UCL Angers)

  • Marinette Delanné, Au bagne de Nouvelle-Calédonie sur les traces de Louise Michel… et de tous les autres communards déportés, Petit Pavé, 2021, 366 pages, 28 euros.
 
☰ Accès rapide
Retour en haut