L’Amérique latine nouveau centre de la pandémie




L’épidémie de coronavirus a fait plus de 40 000 mort-e-s en Amérique du Sud et aux Caraïbes depuis son commencement selon les derniers décomptes, plaçant l’Amérique Latine comme nouvel épicentre de l’épidémie du Covid-19. Certaines mesures obtenues par la lutte dès les débuts de la crise, comme la mise en place de minimas sociaux, ont aidé à ralentir un peu la propagation de l’épidémie, permettant aux classes populaires d’être un peu moins exposées. Mais jamais elles n’ont été réellement suffisantes, et sans aucunes réponses conséquentes face aux problèmes sanitaires et sociaux des quartiers populaires, ce sont une fois de plus celles et ceux d’en bas qui vont souffrir et être les premières et premier concerné-e-s par les pertes dues au virus.

"Avec plus de 25 000 mort-e-s et au moins 400 000 cas confirmés, le Brésil est de loin le pays le plus touché dans la région et en passe de devenir le plus touché au monde. Le Chili a enregistré lundi un nouveau record de contaminations avec 4895 nouvelles infections en 24 heures, l’Argentine voit les chiffres augmenter de manière très inquiétante de jour en jour depuis que l’épidémie touche les quartiers les plus défavorisés. Avec plus de 100 000 contaminations, le Pérou est le deuxième pays le plus touché du continent, le gouvernement traînant à mettre en place des mesures sociales pour les classes populaires, des foyers de contaminations se sont développés partout dans le pays et comme ailleurs la faim les a obligées à sortir malgré la quarantaine.

Comme l’on pouvait le pressentir, la situation empire de manière vive et violente et déjà, alors que le continent paraît encore loin d’atteindre le supposé « pique épidémique » qui laisserait entrevoir la vague descendante, les différents systèmes de santé publique sont déjà dans l’incapacité d’absorber les besoins en ventilateurs et lits de réanimation.

Dans les quartiers populaires la faim se fait omniprésente, pour les classes populaires les possibilités d’y faire face s’amenuisent à mesure que se durcissent les décisions gouvernementales. La répression se met en place et s’abat sur celles et ceux qui se révoltent pour exiger de vraies décisions et politiques sociales.
Au Chili des émeutes ont explosé dans plusieurs quartiers, des habitantes et habitants exigeant le minimum vital, comment rester chez soi quand l’on a rien à manger ?

« Nos vies comptent »
@Chicha Libre

La réponse, c’est une répression violente, qui fait écho à celles qui ont marqué l’énorme mouvement social de la fin d’année dernière, le pays est toujours dans un climat extrêmement tendu et la gestion de la pandémie par le gouvernement patriarcal, raciste et assassin de Piñera ne fait qu’accentuer les tensions sociales.
À Buenos Aires, capitale de l’Argentine, la situation empire un peu plus chaque jour dans les quartiers populaires qui représente environ 10 Millions des habitantes et habitants de la mégalopole, on craint une contamination qui pourrait s’étendre à prêt de 70% de la population.

Les « Villas » (bidonvilles) sont les plus touchées, dû à la surpopulation et aux conditions sanitaires notamment le manque, voire l’absence, d’eau courante. Les péronistes au pouvoir ont fait le choix de la ségrégation en déclenchant un plan d’isolement total pour les quartiers où s’étendrait fortement le virus. La « Villa Azul » fait depuis ce début de semaine office de test en la matière, des militaires sont placé-e-s à toutes les entrées/sorties empêchant tout mouvement.

Depuis le début de l’épidémie, les militantes et militants des organisations populaires font face et se retrouvent exposé-e-s au tout premier plan, en grande partie pour assurer le maintien des comedor, les cantines populaires, et déjà beaucoup d’entre elles et eux sont touchés par le covid. Deux en sont décédé-e-s, Ramona militante de « La garganta Poderosa » et Agustin Navarro de l’organisation « Barrios de Pie ».

« Non à la militarisation dans les quartiers populaires et des bidonvilles ! Nous voulons à manger pour une quarantaine sans faim ! Des tests et une vigilance sanitaire ! Non à la militarisation ! De la nourriture et de l’eau potable ! »

Au Pérou les infirmières et les infirmiers déplorent une catastrophe digne de film d’horreur, les patient-e-s mourant dans les couloirs des hôpitaux sans possibilités de les prendre en charge tant les hôpitaux sont dépassés par les événements.
Le Brésil subit de plein fouet les affres du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, résolu à tout faire pour empêcher la mise en place de politiques de protection sociales et sanitaires conséquentes sous couvert de « protection économique », traînant le pays au second rang mondial en terme de contamination. Le ministre de la santé a démissionné, dénonçant les tentatives d’intimidations visant à le forcer lui et son ministère à reconnaître la chloroquine et l’hydroxychloroquine comme étant des traitements sûrs face au virus. La semaine passée le Brésil, avec plus de 1.100 décès en moyenne a été le pays à déplorer le plus grand nombre de mort-e-s par jours, dans un pays où près de 40% des lits de réanimations se trouvent dans des cliniques privées, les hôpitaux publics sont bien incapables d’encaisser le choc. L’aide d’urgence de 600 R$ (100€ - Un peu moins de la moitié du salaire minimum) que doit débloquer le gouvernement pour les travailleuses et travailleurs informel-le-s pourrait concerner au plus fort de la crise jusqu’à 59 % de la population.

« #LuiJamais »

Dans ce contexte, ce ne sont pas moins de 27 demandes de destitution contre Bolsonaro qui ont été déposées devant le parlement par l’opposition, malgré tout il n’est pas pour autant en péril, et au contraire c’est plutôt le soutien dont il bénéficie chez les militaires faisant parties intégrantes de son gouvernement qui est à surveiller, faisant planer l’ombre d’un coup d’État.

Les grandes puissances impérialistes comme à leur habitudes tournent le dos aux pays du Sud et la situation économique que connaissent les pays Latino-Américains dépend en partie de l’attitude et des politiques de ceux-ci, impactant la détérioration des systèmes de santé et le manque de moyens pour mettre en place des politiques publiques.

Dans ce contexte nous, communistes libertaires, devons mettre en avant les luttes de nos camarades afin de les rendre encore plus visibles, la solidarité internationaliste est aujourd’hui comme hier primordiale et a crucialement besoin de se faire concrète. L’UCL par le biais de la commission des relations internationales ne cessent d’accentuer et de renforcer ses liens avec les différentes organisations sociales et politiques de notre camp.

Commission International de l’UCL, 31 mai 2020

« Racisme et terrorisme d’État dans les favelas »
 
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