Écologie

Projets inutiles : Dans l’Ouest, politiser la lutte écologiste




Le 29 février a eu lieu à Nantes une manifestation régionale contre divers projets d’aménagements inutiles et nuisibles. Elle a réuni 2000 manifestantes et une vingtaine de collectifs, dont le groupe UCL de Loire-Atlantique. Retour critique sur un événement encourageant.

Fin 2019, à l’initiative du collectif nantais contre le surf park de Saint-Père-en-Retz [1], la proposition est faite de rassembler un grand nombre de collectifs de lutte à l’occasion des marches climat.

L’objectif affiché est d’amorcer une politisation, en dépassant les appels vagues à l’action institutionnelle, et en abordant la question très concrète des luttes contre les aménagements et bétonisations imposés, avatars du capitalisme et de ses logiques de profit.

Des collectifs contre des retenues d’eau, des ports de plaisance ou encore des bretelles d’autoroute répondent à l’appel, de même que d’autres associations écolos comme Alternatiba, Extinction rébellion, ou NDDL-Poursuivre ensemble. Tout ce petit monde se rencontre au cours de réunions de préparation entre décembre et février. Finalement, cela débouchera sur une manifestation plutôt réussie, malgré les conditions météo difficiles, avec chars de carnaval ainsi qu’un blocage très remarqué d’un pont nantais par les équipes d’Extinction rébellion.

Le capitalisme pointé du doigt

Le trait d’union de tous ces collectifs, c’est une opposition forte aux logiques lucratives, avec l’anticapitalisme, nommé ou non, comme toile de fond. Cela s’articule avec une contestation des pouvoirs locaux, qui soutiennent ces projets en profitant du manque d’information des populations sur les enjeux écologiques de préservation des terres agricoles et des écosystèmes.

Il s’agit de mettre en avant l’indifférence des porteurs de projets et investisseurs vis-à-vis de l’environnement, de l’écologie en général, et leurs logiques court-termistes de retour sur investissement. La coordination des collectifs a permis la mise en place d’un réseau de lutte, s’inspirant des collectifs de soutien à la lutte anti-aéroport qui existaient avant l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes (NDDL).

Cette addition des forces permet d’envisager des actions de plus grande envergure, et évidemment une résonance plus importante pour l’anticapitalisme dans les luttes écologistes.

L’autogestion à la traîne

Malgré tout l’intérêt de cette coordination, l’inégalité d’implication des collectifs et des
personnes a eu pour conséquence des décisions moins consensuelles et des mobilisations plus ou moins suivies. En cause une forme de sur-activisme de certaines militantes, prenant davantage la direction de la coordination, laissant de côté celles et ceux ayant moins de temps à y consacrer − problème récurrent dans les mouvements sociaux.

Autre écueil : le choix de ne pas organiser ce rassemblement lors d’une marche climat en a finalement amoindri l’intention politique. Il est nécessaire d’intégrer ces marches avec nos propres mots d’ordre et propositions, a fortiori quand l’espace y est accaparé par le « colibrisme » du zéro déchet et autres gestes individuels, bien incapables d’enrayer la machine capitaliste dont l’exploitation des ressources et des travail-leurs et travailleuses est le premier moteur.

UCL Nantes

[1Projet d’une piscine à vagues à 10 km de l’océan, sur des terres agricoles. Lire Alternative libertaire, septembre 2019.

 
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