Antifascisme

Révisionnisme : Le Figaro réhabilite Franco




Dans son numéro d’été, Le Figaro Histoire publie un entretien avec Pio Moa. Ancien militant communiste, aujourd’hui repenti, et auteur d’un ouvrage, Les mythes de la guerre civile espagnole, il soutient la thèse que la responsabilité du coup d’État franquiste de juillet 1936, et la guerre qui s’ensuivit, incombe à la violence des communistes et anarchistes qui préparait une révolution.

Le Figaro Histoire nous livre en cet été 2022 un numéro d’anthologie. Sa couverture tout d’abord, dans le style héroïque et flamboyant qui lui est propre, met en avant deux conquistadors à cheval dans un décors que l’on imagine de forêt sud-américaine, sans doute à la recherche de l’Eldorado.

Le sujet principal ensuite, l’Épopée des conquistadors, où on y réhabilite la figure de Cortès, apôtre du métissage, injustement caricaturée. Au passage il est amusant de voir ici Le Figaro Histoire présenter le métissage sous un jour positif  !

Mais c’est avec une interview de l’historien amateur Pio Moa, ancien militant du Parti communiste d’Espagne (PCE) et cofondateur des Groupes de résistance antifasciste du premier octobre (Grapo) d’inspiration maoïste, branche armée du PCE créée en 1975 et dont Moa fut exclu en 1977.

Pio Moa est l’auteur d’un ouvrage, Les mythes de la guerre d’Espagne  : 1936-1939, paru en 2003 en castillan et dont la traduction en français est sortie en mars dernier chez l’Artilleur, éditeur dont les derniers ouvrages parus naviguent entre complotisme, climatoscepticisme ou défense de l’Occident menacé par le mondialisme et l’antiracisme. Sans commentaires.

La thèse défendue par Pio Moa est tout simplement celle des franquistes. Le général Franco a été obligé de sortir de sa retraite pour défendre la patrie du péril rouge et noir.

La thèse défendue par Pio Moa est tout simplement celle des franquistes. Le général Franco a été obligé de sortir de sa retraite pour défendre la patrie du péril rouge et noir.

Franco en opposant au « péril rouge »  !

Le Figaro Histoire présente cette thèse, largement contestée en Espagne notamment par les spécialistes de la question, comme une thèse novatrice. Elle n’est que la redite des mensonges franquistes. Autre sujet de satisfaction pour Le Figaro Histoire, et qui est mis en avant, l’auteur est un ancien gauchiste, ce qui rendrait ces « révélations » d’autant plus sincères  : « Après s’être plongé dans les archives de la gauche, et particulièrement du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), il en déduisait la responsabilité univoque et accablante de son propre camp dans le déclenchement de la guerre ».

La « révolution sanglante » d’inspiration communiste ou anarchiste n’a pas eu lieu mais le bilan de la guerre civile déclenchée par Franco est connu  : des centaines de milliers de morts, 300 000 exilés et la souffrance de quarante années de dictature. Sur ces faits unanimement reconnus le Figaro se fait étrangement silencieux.

Après la réhabilitation de Pétain, « sauveur des juifs » par une de ses anciennes plumes, Éric Zemmour, Le Figaro Histoire se plonge à son tour avec délice dans le révisionnisme. Face aux réminiscences du fascisme sous toutes ses formes, à la suite de Dolores Ibárruri, un seul mot d’ordre  : No Pasaran  !

Quelques lectures sur cette période. Deux romans  : Hommage à la Catalogne de George Orwell, Moi, Franco de Manuel Vazquez Montalban  ; et deux autobiographies  : Ma guerre d’Espagne à moi de Mika Etchebéhère et Les Fils de la nuit d’Antoine Gimenez et les giménologues, deux ouvrages parus chez Libertalia.

David (UCL Chambéry)

 
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