Politique

Angers : Poubelle Thomson, que fait le ministre ?




À Angers l’usine Thomson est fermée depuis 2012, le maire de la ville et l’Agglomération ne sont pas pressés de dépolluer les lieux, laissant la population à son sort. Tandis que des millions sont dépensés dans la végétalisation du centre-ville, le maire «  écologique  » devient ministre de la Transition écologiste sans avoir fait le ménage chez lui !

Il est un quartier d’Angers qui se plait à espérer que la nomination de Christophe Béchu comme ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires résoudra des problèmes de pollutions apparemment insolubles. Le quartier des Deux-Croix–Banchais-Grand-Pigeon compte environ 10 000 habitantes et habitants, diversement impactés par cette pollution qu’est l’immense poubelle de l’usine Thomson.

En 2012, l’usine Thomson fermait ses portes, laissant une friche industrielle en lieu et place. En 2013, la communauté urbaine se portait acquéreuse et avait alors «  accepté de prendre en charge les obligations liées à la pollution du site postérieurement à la cession  », sans maîtriser parfaitement les enjeux de dépollution du site.

Selon le Code de l’environnement, la dépollution revenait de fait au vendeur. La préfecture s’inquiétait de la présence de solvants et de cet arrangement entre la Municipalité d’alors et le liquidateur. Les analyses menées par Antea Group soulignaient particulièrement la présence d’une concentration élevée de composés organiques halogénés volatils  : solvants, peintures, adhésifs, produits chimiques de nettoyage, ainsi que des hydrocarbures. Ces substances, libérées dans l’environnement ont un effet nocif sur les sols, les eaux souterraines et la santé humaine, voire sont cancérigènes. Une contamination «  soutenue  » des eaux souterraines et des sols était attestée.

Depuis, le dossier est bloqué par des décisions de justice contradictoires entre le liquidateur et l’agglomération. Les débats se limitent à décider du payeur, la question de la pollution semble secondaire. La somme de décontamination avoisinerait un coût de 1,4 million d’euro à la charge du liquidateur. Cette navrante débâcle industrielle n’a en soi rien d’originale, mais elle nous permet d’évaluer la pertinence de l’action écologique de Christophe Béchu, édile de la ville, aujourd’hui en charge d’écologie.

La réalité des actes écologistes du Maire

Élu maire en mars 2014, Béchu s’empressa de régler ce problème majeur de pollution. Fraîchement élu au conseil municipal de décembre 2014, la re-végétalisation du centre ville fut le souci écologique principal du maire et des élues écolos. Pas un mot pour le devenir du site de Thomson  ! Trois années de travaux dans le centre-ville… et à ce jour les habitants jouxtant le site de l’usine Thomson attendent toujours.

Second mandat, l’équipe municipale de quartier affichait en 2020 comme premier axe  : «  Exiger la dépollution du site Thomson et lancer un appel à projets pour son devenir  ». Cela se déclinait dans le projet de quartier  : «  Association des habitants au devenir du site de Thomson.  ». L’exigence se faisait plus réservée. Au point d’étape 2020-2021, le sujet Thomson avait disparu et apparaissait  : «  La valorisation du quartier par des démarches environnementales  ». La résilience était à l’ordre du jour. Thomson demeurait. Il faudrait sûrement faire avec. L’action écologique de Béchu dans ce dossier n’augure rien de bon au niveau national. Il y a fort à parier qu’il s’accomodera plus des intérêts économiques qu’écologiques. Il sera certainement parfait dans la promotion du nucléaire écologique, ou d’un capitalisme durable environnemental à visage humain. Suivant que tu seras riche ou pauvre…ton environnement variera.

Suivant que tu seras riche ou pauvre… l’écologie différera. Il est plus bénéfique pour une carrière politique d’évoquer une coulée verte qu’une émanation pestilentielle.

Dominique Sureau (UCL Angers)

 
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