Histoire

Freinet et les écoles libres de Hambourg, une rencontre manquée




L’instituteur et pédagogue français Célestin Freinet (1896-1966), initiateur d’une pédagogie émancipatrice au lendemain de la première guerre mondiale visite l’une des communautés scolaires de Hambourg en 1925. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser le système des gemeinschaftsschule n’a pas enthousiasmé le pédagogue communiste.

Célestin Freinet est une figure majeure de la pédagogie active qui émergent en ce début de XXe siècle. La méthode pédagogique à laquelle il a laissé son nom a été forgée, tout comme les écoles libertaires de Hambourg avec une même volonté de faire une école populaire.

À l’été 1925, alors jeune instituteur en poste à Bar-sur-Loup, il est invité par l’un de ses correspondants allemands à visiter « quelques-unes des célèbres écoles de Hambourg où, à la fin de la guerre de 1914, on avait essayé de réaliser le mythe de l’école anarchiste intégrale sans autorité du maître, sans règle ni sanction »  [1].

Le bref compte rendu que l’on a de cette visite signale bien qu’elle n’a guère suscité l’enthousiasme de Freinet. Elles semblent ne pas répondre à ces questionnements pédagogiques  : « Ces écoles, bien que très confortablement installées, n’apportèrent rien de positif pour aider le jeune maître à résoudre les problèmes que lui posaient sa petite école de village et, au-delà, l’école publique »  [2].

Le militant communiste qu’est Freinet ne semble pas voir la parenté d’esprit entre la Volksschule (littéralement école communale mais qui peut également se traduire par école du peuple) et ce qui constituera l’une des spécificités de sa pédagogie ni même le caractère prolétarien de ce mouvement à côté duquel il semble également passer. C’est le même jugement qui apparaît dans les écrits de Jakob Robert Schmid quelques années plus tard.

Ces expériences, redécouvertes en France par la réédition en 1970 de l’ouvrage de Schmid (Maspéro) ont suscité de l’intérêt, mais les travaux de recherche sur les gemeinschaftsschule sont encore lacunaires. Quelques travaux en allemand et en anglais tendent à renouveler les connaissances sur ces expérimentations pédagogiques révolutionnaires et libertaires.

David (UCL Chambéry)

[1Élise Freinet, Naissance d’une pédagogie populaire, François Maspéro, Paris, 1968, p. 23.

[2Ibid.

 
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