L’élection avait été une vaste campagne de communication : de la mise en scène monarchique aux sourires « Colgate » du nouveau président ; des promesses de vertu républicaine à celles du renouvellement. Tout avait la couleur d’une publicité de téléréalité et le goût d’une bière tiède.
Seconde partie de notre interview avec la politologue Françoise Vergès. Elle revient pour nous sur la nécessité de sortir des grands récits hégémoniques d’État en étudiant de près l’histoire des insurgés au sein de l’empire colonial français.
C’est l’été. L’occasion de rappeler aux femmes que leurs corps doivent être transformés, normés, au plus grand bénéfice des systèmes d’exploitation.
Comment le mouvement libertaire joua sa partition et tenta de rattraper son retard initial, avant d’être étranglé par le nouveau pouvoir.
En février 1917, l’autocratie s’est effondrée comme un château de cartes. Joie quasi unanime. Pourtant, cela ne suffit pas à résoudre la détresse sociale et les souffrances d’une guerre inutile. Or l’intelligentsia socialiste, désireuse de « normaliser » la révolution, ne sait que temporiser. Dans certains bastions rouges de Petrograd, l’exaspération est palpable.
En 1917, les groupes anarchistes se multiplient dans toute la Russie. Mais si le cœur battant de la révolution est à Petrograd, c’est la Fédération anarchiste communiste de Moscou qui est la plus solidement implantée.
Passée la chute du tsar, l’euphorie se dissipe vite sous la pression des questions brûlantes à résoudre – terminer la guerre, partager la terre, satisfaire les revendications ouvrières. Une alliance se dessine entre les anarchistes et la base bolchevik pour pousser à la révolution sociale.
À partir du printemps 1917, un second pôle libertaire concurrence la Fédération anarchiste communiste. Marqué par la culture syndicaliste révolutionnaire occidentale, il cherche à émanciper les organisations ouvrières de la tutelle sociale-démocrate.
Durant le mois de juin, alors que se prépare une offensive sur le front pour « ressouder la nation », l’exaspération monte dans la garnison et dans les usines en crise. À plusieurs reprises, les anarchistes tentent de fomenter une insurrection contre le gouvernement provisoire, quitte à défier le congrès des soviets. Le Parti bolchevik désapprouve et retient ses troupes.
Enfin ! Entraînant la base bolchevik, les anarchistes ont réussi à provoquer une insurrection armée. Hélas, ils n’ont pas les moyens de l’emmener à son terme. Le gouvernement sort renforcé de l’épreuve.
La disgrâce de l’extrême gauche après l’échec de juillet n’aura pas été longue. Dès la fin août, le putsch avorté du général Kornilov la remet en selle, et déclenche une vague de terreur ouvrière contre la bourgeoisie. La guerre sociale ne fait que commencer. Pour les bolcheviks et leurs alliés anarchistes, la question du pouvoir est à l’ordre du jour.
Usines en lutte, régiments rouges, sièges d’organisations et lieux de pouvoir... une carte interactive de la capitale des tsars en pleine révolution, avec un éclairage particulier sur l’implantation anarchiste.
Bolcheviks, anarchistes et SR de gauche fourbissent leurs armes. Le putsch est programmé pendant le IIe congrès panrusse des soviets, dans le but qu’il valide l’opération et lui confère sa légitimité. Mais ensuite ? Le Parti bolchevik, fer de lance de l’insurrection, conservera-t-il le pouvoir, ou le remettra-t-il réellement entre les mains du congrès ?
Militante charismatique passée par la prison et par l’exil, formidable oratrice et cheffe de guerre, elle inspirait la terreur aux blancs et la méfiance aux rouges. Devenue, dans la culture soviétique, un personnage interlope et folklorique, elle est redécouverte depuis quelques années.
Quelle était l’influence des uns et des autres en 1917 ? Tout au long de l’année révolutionnaire, une double mesure permet d’en juger : leur poids dans les soviets d’une part, et d’autre part le suffrage universel déclenché pour la première et dernière fois en novembre 1917, pour former l’Assemblée constituante.
Malgré les entraves, les anarchistes portent le fer. Les clivages sont nets sur trois questions clefs, plus complexes sur une quatrième : pouvoir populaire contre pouvoir d’État ; socialisation contre nationalisation ; milices populaires contre armée hiérarchisée ; sur les réquisitions et expropriations.
La dispersion de l’Assemblée constituante russe, le 6 janvier 1918, s’est faite sous la contrainte d’un célèbre matelot de Cronstadt.
En avril 1918, le pouvoir communiste brise les reins du mouvement anarchiste, qui devenait menaçant. Si une bonne partie des militantes et des militants se résigna à la défaite, d’autres résistèrent, voire contre-attaquèrent.
Un petit film tourné en URSS en 1921 fait revivre les visages des anarchistes d’alors. Nouvelle traduction commentée.
S’arrêter un moment, réfléchir ensemble, se mettre au diapason. C’était le but du congrès d’AL, en juin.
Le 7 et 8 juillet prochain se tiendra le sommet du G20 (dix-neuf pays les plus puissants économiquement et politiquement ainsi que l’Union Européenne) dans la ville portuaire de Hambourg située au nord de l’Allemagne.
Le terrain attribué depuis cinq ans aux familles roumaines le long de la rue de Paris à Bobigny a permis l’insertion sociale de ses habitantes et habitants. Malgré sa réussite, il est remis en cause pour des raisons politiques.
Depuis la mort de Mohcine Fikri, en octobre 2016, le Rif est secoué par une contestation qui ne faiblit pas. Face à ce mouvement, la caste dirigeante fait la sourde oreille, calomnie et réprime. La force de ce mouvement s’inscrit dans une longue histoire de révoltes et de revendications contre la marginalisation par le pouvoir marocain.
Vue de loin, c’est de la BD « girly ». Et vue de près aussi, justement.
Paraissant depuis mai 2015, Les Utopiques sont les cahiers de réflexions publiés par l’union syndicale Solidaires. L’idée étant de réaliser une revue faite par et pour des syndicalistes, tout en s’adressant à toutes celles et tous ceux qui font le mouvement social au sens large.
Le Venezuela est aux prises avec un mouvement social sans précédent. Le gouvernement Maduro se maintient au pouvoir et use d’une sanglante répression, faisant peser le spectre d’une véritable guerre civile. L’illusion d’une prétendue « Révolution bolivarienne » au service du peuple, telle qu’elle était vendue par Hugo Chavez à l’aube du XXIe siècle, craque devant une réalité sociale dramatique. Entretien avec des militantes et militants du groupe anarchiste El Libertario, de Caracas, sur leur action et leur analyse.