Education populaire : Dans les marges, la nouvelle vague




De jeunes associations, des scop qui font parler d’elles, des chercheurs qui défrichent, des hackeurs qui partagent leur savoir, des zadistes doués de leurs mains… On assiste à l’émergence de pratiques d’éducation populaire connectées à la contestation sociale.


Cet article est issu d’un dossier spécial sur l’éducation populaire


Au centre du paysage de l’éducation populaire, il y a certes les grandes fédérations, comme la Ligue de l’enseignement, Léo Lagrange, les Francas… Mais dans les marges surgissent, ces dernières années, de nouveaux collectifs qui ne se satisfont pas de

la dérive vers des activités socioculturelles vidées de leur sens, et en appellent à une «  éducation populaire politique  ».

Parmi elles, plusieurs ont choisi la forme scop (société coopératives et participatives) : Le Contrepied (Ille-et-Vilaine), L’engrenage (Indre-et-Loire), L’orage (Isère), Vent debout (Haute-Garonne)… Pour ces scop, l’éducation populaire doit proposer des espaces pour dire le monde tel qu’il est, mais aussi tel qu’on voudrait qu’il soit, et exercer une volonté collective sur la façon de vivre. Les stages, les rencontres – histoires de vie, conférences gesticulées, théâtre de l’opprimé, enquêtes, jeux à partir de situations-problèmes, entraînement au débat public – font une place à l’apprentissage du conflit et donnent des outils pour la lutte collective.

De leur côté, les « praticiens-chercheurs » du Labocoop (Labocoop.org) repensent, dans le sillage du philosophe Luc Carton ou du sociologue Christian Maurel, une éducation populaire qui puise aux sources du mouvement ouvrier, en s’appuyant entre autre sur les universités populaires de Paris-VIII et de Bordeaux, et sur l’Université coopérative de Paris.

Logiciels open source

Dans le champ des pratiques numériques, des collectifs collaboratifs émergent, sous différentes appellations : hacker spaces, Tetaneutral (fournisseur d’accès alternatif), April (promotion et défense de logiciels libres)… Ce sont avant tout des lieux centrés sur les questions techniques, construction d’objets à l’aide de machines inventées ou montées pour l’occasion, maîtrise des logiciels libres, accès internet libéré des grands opérateurs.

On pourrait imaginer de petits groupes de geeks faisant leurs affaires dans leur coin… Eh bien pas du tout : ils se donnent en général pour mission d’être ouverts aux non-spécialistes, un peu dans la lignée des associations d’éducation scientifique. Ils sont aussi des laboratoires de réflexion sur les logiciels open source, pour que chacun puisse se réapproprier les outils numériques, voir les subvertir.

Au-delà de l’émergence de ces nouveaux collectifs, l’éducation populaire a aussi trouvé une seconde jeunesse dans des espaces de luttes comme les zones à défendre (ZAD) qu’on a vu éclore à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens. Pour résister à la pression des pouvoirs publics, pour occuper le terrain, on s’y initie à l’auto-construction et à l’auto-production. Même si ces expériences ne s’inscrivent pas dans un cadre organisationnel, elles relèvent d’une démarche éducative active qui a pour but de transformer notre rapport à l’environnement et de nous donner des outils de lutte, qu’ils soient philosophiques ou pratiques.

Julien (AL Tours)

 
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