Université Montpellier-III : L’unité victorieuse contre la précarité




La précarité touche le privé mais aussi largement le public. Ainsi, à l’université Montpellier-III, des travailleurs précaires ont dû lutter pour contrer la volonté de la direction Snesup de ne pas les titulariser, avec le soutien des syndicats et de personnels titulaires.

La précarisation des conditions de travail, la multiplication des CDD, le turn over des salariés, la division entre précaires et titulaires sont depuis de nombreuses années une arme redoutable aux mains du patronat contre les travailleurs. Si cette précarité est associée dans les esprits au secteur privé, elle n’est pas moins réelle dans le secteur public. À Montpellier, à l’université Paul-Valéry, c’est aussi le cas.
L’université est dirigée par une liste soutenue par le Snesup. Pourtant celle-ci n’hésite pas à avoir recours massivement à des contrats précaires : vacations d’enseignement, vacataires étudiants, contractuels, services externalisés, la liste est longue… Seule la CGT joue son rôle de contre-pouvoir.

Cette précarisation des travailleurs de l’université, menée par une présidence de « gauche », est déplorable. Elle l’est tout d’abord pour les personnes qui sont précaires : elles sont moins bien payées, ne savent pas de quoi les lendemains seront faits, et de plus, si elles ouvrent la bouche, risquent de perdre très rapidement leur emploi. Elle l’est aussi pour les titulaires car ce recours massif au précariat empêche la création de postes pérennes. C’est aussi une façon sournoise d’opposer les différents statuts entre eux.

Cette situation déplorable a mené à une lutte des personnels contre la précarité à l’université Paul-Valéry. En effet, plusieurs travailleurs (Iatoss, personnels ouvriers) qui étaient sur des postes depuis plusieurs années (quatre ou cinq ans) risquaient de se faire passer tout simplement à la trappe par l’administration pour éviter de les titulariser, comme elle est tenue de le faire après un certain nombre de CDD. Pour certains, ils ne manquaient que trois mois de contrats ! Face à cela, des personnels titulaires et précaires ont décidé de lancer une lutte afin de défendre l’emploi de ces contractuels précaires et de montrer que la solidarité de classe paie.

Tout a commencé par une réunion entre les travailleurs et la direction au cours de laquelle les titulaires ont rappelé leur revendication, à savoir une titularisation de leurs collègues contractuels et ce, quelle que soit la durée de leur contrat. Les travailleurs mobilisés ont rappelé à la direction l’illégalité des contrats sur postes pérennes, ainsi que l’illégalité du turn over de contractuels.

Le « diviser pour mieux régner » a échoué

Face au mépris exprimé au cours de cette réunion, les travailleurs ont décidé d’informer la communauté universitaire via des e-mails. Des tracts ont été diffusés plusieurs matinées de suite aux entrées de l’université, que ce soit par des titulaires, des contractuels, des étudiants ou des syndiqués.

Les travailleurs ont également demandé à la rectrice une audience. C’est le secrétaire général du rectorat qui a reçu une délégation, et non la rectrice. Aucune prise de position, ce qui n’a fait que confirmer le statut de représentant de l’État.

Ce mouvement a mené jusqu’à l’appel à une journée de grève, à une date symbolique, celle du premier jour des examens à gros effectifs et du comité technique. C’est de cette façon que les travailleurs voulaient dénoncer les difficultés à mener à bien les missions d’une université sans travailleurs.

La tactique habituelle du « diviser pour mieux régner » a échoué. Aujourd’hui, la situation de ces contractuels est en bonne voie. Plusieurs d’entre eux sont depuis lauréats d’un concours. Les travailleurs ont été clairs avec la direction : ils seront vigilants et veilleront à ce que chaque situation aboutisse à une solution pérenne.

Matthijs (AL Montpellier) et Myriam Rivoire (CGT, ancienne contractuelle)

 
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