Brésil : l’œuvre éducative des sans-terre




Pensons pour une fois à long terme : pensons au monde que nous voudrions construire pour dans vingt, trente ans et aux luttes que nous menons aujourd’hui. Qu’en restera-t-il ? On a souvent tendance à laisser de côté l’éducation des enfants, mais pourtant elle est essentielle pour la construction du projet communisme libertaire et pour que ce projet ne s’éteigne pas avec les militantes et militants d’aujourd’hui.


Cet article est issu d’un dossier spécial sur l’éducation populaire


Dans les années 1980, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) met en action des dizaines de milliers de paysans pauvres. Ils et elles occupent les champs de grands propriétaires, suivant le slogan « La terre à ceux qui la travaillent ».

Rapidement, il a fallu prendre en charge l’éducation des centaines d’enfants qui avaient suivi leurs parents dans ces occupations illégales. Pour les instruire, il a donc fallu monter des écoles sauvages (1.800 au total dans le pays), avec des éducateurs volontaires. On estime qu’au total 160.000 enfants ont ainsi pu être scolarisés et 3.900 éducatrices et éducateurs formés – mis devant le fait accompli, les pouvoirs publics ont dû accorder des subventions de fonctionnement.

Pédagogie de l’opprimé-e

Les écoles liées au MST utilisent la pédagogie de Paulo Freire. D’autres mouvements sociaux brésiliens ont ensuite repris cette pratique, dont le Mouvement des travailleurs sans toit (MTST).

En réalité, cette œuvre éducative de grande ampleur, à destination des plus pauvres, vient de loin. Il y a un siècle déjà, anarchistes et syndicalistes bâtissaient des écoles pour les filles et les fils du prolétariat, afin de leur transmettre les valeurs du monde qu’ils et elles espéraient construire. On peut citer l’anarchiste et féministe Angelina Soares, enseignante dans les écoles libertaires de São Paulo dans les années 1920-1930, et qui a beaucoup travaillé à construire une pédagogie émancipatrice.

Livio (Federação Anarquista do Rio de Janeiro)

Traduction Auréline (AL Toulouse)

 
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